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“En vrac” par Madjid Khelassi : Octobre 88

5 octobre 1988…Un séisme d’une rare intensité sur l’échelle humaine, ébranle le léthargique système politique algérien. Une jeunesse, jusque là oubliée, se fait silex, et brûle les symboles d’un pouvoir autarcique. 

Banques, édifices étatiques…entre autres les sièges de la pensée unique , les commissariats, les  grandes surfaces de l’organisation socialiste des ventres, bus, véhicules de la police et tutti quanti.

C’est le big-bang, la revanche des laissés pour compte, presque un surgissement de la vie…après 26 ans d’une chape de plomb, qui mit sous l’éteignoir, tout un peuple et ses enfants. 

Surpris, le pouvoir réprime à pierre fendre. Le bilan officiel décline 169 morts. Celui de la rue dit 400 à 500. 

La torture marquera à vie les meneurs qui croyaient palper une liberté si longtemps rêvée. 

Octobre 88 fut un printemps en automne…qui amena des acquis à la force des gosiers et des affrontements: ouverture médiatique, multipartisme, appropriation de l’espace public, liberté d’expression et d’association. 

Ce fut le premier hoquet d’un pouvoir, qui rotait sa morgue sur un peuple considéré comme  «ghachi». Pouvoir qui comprit définitivement qu’il n’était plus possible, de rustiner la jeunesse Hitiste via des discours mensongers , jeunesse qui pour oublier le chômage et la mal-vie, se biturait à la colle. 

L’ENTV, voix soviétique parlant arabe fut la tronche d’une ouverture…démocratique à minima. 

Février  2019 : un hiver printanier nommé Hirak se rappela à octobre 88. 

Le Hirak inventa dans le soft- protest, sa version de la lutte pour l’émancipation.

Boutef et sa clique sont balayés par la symphonie gutturale d’un peuple, qui n’avait que sa voix pour combattre la chape. Anachronismes  d’un temps défunt, « Fakhamatou » et ses courtisans passent de l’autre côté du miroir.

Élection de Tebboune , l’ex pays des castes est nommé «Algérie nouvelle». Le Hirak est renvoyé dans la case des pertes et profits du Covid et de la nouvelle constitution. 

Octobre 2021 : Que reste-t-il d’octobre 88 ? Un bâillement démocratique, qui laisse le souvenir d’un bal chez les aveugles, où  les danseurs chantaient devant un auditoire de sourds…comme dit un vieux proverbe Numide. 

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