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Par Anouar El Andaloussi : l’Afrique : longtemps ignorée, aujourd’hui adulée, courtisée !!!!

Dans une précédente chronique (en septembre 2023), nous avions écrit ceci : « Les enjeux géopolitiques et économiques en Afrique font l’actualité. Ce continent longtemps a été ignoré sur la scène internationale, et même par lui-même. Tout se passe comme si l’Afrique était un objet désincarné, un trésor à cacher, un faire-valoir pour attaquer l’autre, le concurrent, un terrain pour mesurer la misère par les institutions internationales ou multilatérales, mais jamais comme un territoire avec des habitants, une histoire, une population nombreuse et en croissance… Les Etats formés au lendemain des indépendances et surtout les systèmes de pouvoir à leurs têtes sont souvent des appendices de centres de décision qui se trouvent ailleurs, en Europe ». Aujourd’hui ni le Commonwealth, ni la France-Afrique ne résistent aux nouvelles recompositions imposées par la nouvelle géopolitique. Il n’est pas sûr que la nouvelle recomposition soit meilleure que l’ancienne au plan économique. L’objectif demeure le même : comme prendre les richesses du sous-sol africain ? Seuls les instruments et le nombre de prétendants changent. En effet, nous constatons l’irruption de nouveaux acteurs (hors Europe occidentale), hier totalement absents de la scène africaine : Chine, Russie, Turquie, Emirats, Inde…

Aujourd’hui, les africains, et particulièrement les sahéliens, découvrent qu’ils manquent de tout et même leur sécurité n’est plus assurée. Ils découvrent aussi qu’ils sont assis sur des réserves colossales de matières premières des plus nobles et des plus indispensables pour la nouvelle économie post-industrielle (l’Uranium, les terres rares, et d’autres minéraux de premier ordre). L’Afrique devient un véritable enjeu minier.

“Le pillage de l’Afrique”, titre El Independiente, (un site d’information espagnole) qui estime que l’irruption de l’Afrique dans une actualité internationale brûlante est aussi un indice de l’importance des matières premières de ce continent. L’instabilité institutionnelle qui essaime au Sahel et les guerres qui déchirent le continent sont autant de batailles d’influence pour un contrôle direct des ressources.

Les coups d’État en série qui touchent l’Afrique de l’Ouest depuis 2020 traduisent l’épuisement de l’architecture politico institutionnelle des pays issus de la décolonisation française. Mais en même temps, ces coups d’Etats sont-ils porteurs d’espoir et d’espérance pour leurs populations et leurs élites ; rien n’est moins sûr.

Depuis 2022, pas moins de quatre conférences au sommet ont été organisées pour montrer aux africains qu’on veut les aider dans un cadre ou un autre, d’un partenariat stratégique, gagant-gagant, mélange d’intérêts économique et compassion pour les habitants, …d’abord la Turquie, suivie par la Chine, en 2023 la Russie, en 2024 l’Italie (cette semaine). Pour cette dernière, elle vient se rattraper après avoir échoué dans sa lutte, parfois inhumaine, contre l’immigration illégale sur ces côtes méditerranéennes. Elle vient donc avec un Plan Baptisé « Plan Mattei »du nom du célèbre industriel dans le pétrole et grand militant de la cause algérienne ; le Gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie porte son nom.  Ce plan de 5.5 Mds d’Euros est vraiment symbolique, comparé aux autres annonces, comme celle de 2022 de l’UE qui affiche 150 Mds d’Euros. Pour l’Italie, comme pour tous les pays européens, l’objectif central, l’énergie et le contrôle de l’immigration ; pour la Chine, les matières premières ; pour la Russie, un positionnement géopolitique. Des groupes indiens viennent de signer des accords d’investissement de 7Mds de $ au Nigéria.

Paradoxalement, au moment où les pays lointains courtisent l’Afrique, les Etats africains se livrent à des conflits et créent des différends inutiles. Le Mali résilie de manière unilatérale les accords issus du processus d’Alger (2015) qui a scellé l’entente et la paix entre l’Etat central et les mouvements de luttes du Nord. En contrepartie, il court derrière un chimérique projet de coopération qui permettrait une ouverture sur l’Atlantique par le port de Dakhla, en territoire sahraoui occupé. Le Même Mali, avec deux autres pays ayant connu des coups d’Etats au cours des deux dernières années, le Niger et le Burkina-Faso, décident de quitter la CEDEAO (le 29/12/2024), une union douanière, monétaire et commerciale. La CEDEAO n’est pas exempte de critiques, mais de là à la phagocyter avant même de régler le problème de la monnaie (Franc CFA) avec la France, c’est fragiliser davantage ce processus de recomposition de la région au plan économique. La question de la monnaie va se poser pour ces trois pays à très court terme, comme celle des populations de ces pays installées dans les autres pays de la CEDEAO et inversement. Un projet de création d’une nouvelle monnaie (le SAHEL) par les trois pays est lancé, mais sa concrétisation n’est pas aisée.

Entre visées économiques et géostratégiques des pays étrangers à long terme et recompositions intra continent des alliances des Etats africains à court terme, les intérêts des africains seront, encore une fois de plus, entre les mains des autres. Les coups d’Etats ne sont pas la meilleure façon d’instaurer une bonne gouvernance, au contraire, ils entretiennent la culture du coup d’Etat permanent, de l’incertitude, de la méfiance des IdEs etc.  La ZLECAF, nouvellement installée subira certainement, dans sa mise en œuvre, les conséquences de toutes ces crises et différends internes à l’Afrique.

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