L’Afrique a vécu des siècles de prédation et de domination. Plusieurs pays européens ont bâti leur puissance sur le pillage systématique des richesses humaines et naturelles de ce continent. Aujourd’hui, la population réclame le respect et le partenariat équitable.
Ils ont non seulement exploité une partie de sa population localement dans des travaux forcés et par l’esclavage pour cultiver l’Amérique après sa conquête. Des voix effarouchées s’élèvent aujourd’hui au nord de la Méditerranée pour dénoncer la traite des jeunes africains qui rêvent de s’installer en Europe. Mais, au fond, elles craignent la migration non contrôlée qui risque de submerger leur terre.
L’Afrique est vue par les sociétés vieillissantes avec des yeux divergents. D’un côté, son énergie démographique les terrifie et, de l’autre, par instinct de survie, elles veulent garder leur mainmise sur ses ressources.
De nouveaux joueurs sont (Chine, Russie, Turquie, Israël) se sont également inscrits sur la liste de ceux veulent se servir. D’où les tensions qui animent les rapports entre les Occidentaux et les puissances émergentes friandes de matières premières, de gaz et de pétrole.
Le continent occupe le quart des terres émergées de la planète et abrite plus d’un milliard d’âmes. Les ventres de ses mères sont fertiles grâce à un taux de fécondité d’environ 5 enfants par femme. Dans pas longtemps, la région où vit plus de 15% de la population mondiale sera la plus densément habitée. On parle de deux milliards d’Africains en 2050. Toutefois, la pauvreté touche la majorité de la population. Le Produit national brut per capita en parité de pouvoir d’achat en dollars américains de l’Afrique représente 31% de la moyenne mondiale, et 12% de la moyenne des pays développés.
Cette situation est volontairement entretenue par les puissants groupes qui profitent de la manne tout en disposant d’une main-d’œuvre peu coûteuse. Mais un nouvel état d’esprit anime les jeunes élites africaines qui veulent se débarrasser de cette pratique qui a mis l’Afrique au ban du développement.
Mardi dernier, des chefs d’Etat, de gouvernement, des ministres et des experts, ont débattu à Charm el Cheikh en Egypte, ont discuté du développement durable du continent et du remodelage du rôle des institutions financières multilatérales dans le soutien de la croissance verte en Afrique.
Réunis à l’occasion des 58e Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), les responsables ont décortiqué l’épineuse question du financement de la lutte contre les effets des changements climatiques qui présagent d’un avenir difficile pour les populations les plus fragiles.
Selon eux, la nouvelle architecture financière mondiale doit prendre en considération le sort de l’Afrique qui a été longtemps négligé. Convaincu que “l’avenir de l’Afrique est vert”, le président de la BAD, Akinwumi Adesina, a invité les pays développés à tenir leurs engagements en matière de soutien de l’action climatique en Afrique, des promesses jusque-là “non tenues”, a-t-il regretté.
C’est là une des urgences dont le monde doit être conscient. Car il est révolu le temps où l’Africain était considéré comme un misérable, vivant d’aides parcimonieuses accordées avec des arrière-pensées et un profond dédain.
Aujourd’hui, le continent célèbre sa Journée mondiale qui coïncide avec le 60e anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité africaine devenue plus tard l’Union africaine. De l’aveu des plus grands experts, la région connaît un dynamisme et une créativité sans précédent et sans équivalent. Certains de ses pays continuent, certes, à subir l’histoire passivement, mais le train a démarré et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Mourad Fergad