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Transferts sociaux : l’insoluble équation des subventions

La question des subventions des produits alimentaires de grande consommation refait régulièrement surface comme un serpent de mer depuis des années. En 2021, on parle de leur suppression et leur remplacement par des aides directes aux ménages les plus pauvres. Vieux débat.

En réponse à l’inquiétude de la population sur l’éventualité de la suppression des subventions aux prix de produits alimentaires, Aïmene Benabderrahmane a affirmé hier devant les députés qui l’interrogeaient sur la question que l’Etat “ne renoncera pas à son rôle social”.

Le premier ministre a estimé qu’il y avait “un malentendu sur le passage des subventions généralisées aux subventions ciblées prévu dans le projet de loi de finances (PLF) 2022”. Il s’agit, selon lui, de transférer de trouver un mécanisme qui permettent le transfert direct des aides en numéraire aux catégories les plus fragilisées.
“Les subventions, dont la valeur s’élève à 17 milliards de dollars, ne profiteront plus aux indus bénéficiaires et autres intermédiaires qui ont saigné l’économie nationale en bénéficiant de ces transferts”, a expliqué Benabderrahmane. “Les fonds récupérés sur le surplus des subventions sociales de l’Etat, après le ciblage des véritables bénéficiaires, seront affectés à d’autres secteurs comme la Santé et l’Education et serviront à la revalorisation des salaires”.
Selon lui, un comité sera chargé de définir les modalités de la création d’un “système de compensation monétaire au profit des véritables bénéficiaires”. Ce travail, à-t-il précisé, s’effectuera sur la base d’une étude approfondie en cours depuis plusieurs années qui cherche à définir les ménages éligibles. Plusieurs départements ministériels, notamment les ministères de l’Intérieur, des Finances et de la Solidarité nationale, ainsi que l’Office national des statistiques s’attèlent à cette tâche, a-t-il annoncé. Une task force créée en 2006 et élargie cette année aux représentants du Conseil de la nation avant d’inclure, plus tard, tous les experts et les députés de l’Assemblée populaire nationale. Le responsable de l’Exécutif a en outre souligné que la valeur des transferts sociaux au titre de l’exercice 2022 s’élèvera à 1.942 milliards DA, soit 8,4% du produit intérieur brut, avec une baisse de 19 % par rapport aux prévisions de la loi de Finances complémentaire 2021.

Un vieux débat

La subvention des produits de première nécessité est un thème récurrent depuis des lustres. Faut-il la garder ou s’en défaire ? Les avis sont partagés. En fait, il s’agit d’un vestige du système socialiste qui a gouverné l’Algérie durant les deux premières décennies de l’indépendance du pays. Sortis pauvres d’un siècle et trente ans de colonisation, la majorité d’entre eux était pauvre et ne pouvait subvenir à ses besoins que difficilement. L’Etat a alors pris en charge le financement d’une partie des dépenses des ménages par le trésor public. Avec le temps, cette assistance qui a également profité à des nantis et à des spéculateurs commençait à poser problème. Sauf que l’abandon de ce soutien peut avoir des conséquences sociopolitiques fâcheuses et préjudiciables à la stabilité du pays.

Déjà en 2011, alors que l’Algérie roulait sur l’or, le ministre du Commerce de l’époque,  Mustapha Benbada qui est aujourd’hui en prison sous divers chefs d’accusation, notamment corruption, avait estimé « les subventions de l’Etat de tous ces produits de première nécessité coûtent énormément au Trésor public ».  Il avait expliqué que “pour l’huile, la défiscalisation de l’importation des matières premières va coûter 27 milliards de dinars” et de souligner que le Trésor allait “débourser 30 milliards de dinars pour stabiliser les prix du sucre et de l’huile” puisque “les subventions de ces produits coûtent presque 300 milliards de dinars à l’Etat”.

Pour lui, il s’agit d’une “facture très importante” c’est pourquoi il avait appelé à la révision de ce système “trop généreux”.  Devant cet état de fait, M. Benbada a estimé nécessaire l’ouverture d’un débat national sur la politique de subvention des prix des produits alimentaires. Et, comme si l’histoire se répétait, il avait souligné la nécessité de ” réfléchir à une subvention ciblée qui profite aux petites bourses car il est possible que l’Etat algérien n’aura pas, à l’avenir, les moyens de subventionner les produits de première nécessité de cette manière-là”.

Mohamed Badaoui

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