Après une position équilibrée qui a duré près de près de 50 ans sur la question du Sahara occidental, le royaume d’Espagne change son fusil d’épaule et déclare son soutien au plan marocain d’autonomie. Ce revirement est d’autant plus surprenant qu’il suscite des interrogations sur ces motifs réels. Des motifs qui ressemblent plus à une perfidie qu’à une position de principe.
Faut-il souligner, par ailleurs, que l’annonce a été faite par le palais royal marocain avant qu’elle ne soit confirmée par le ministère espagnol des affaires étrangères. La nuance est de taille.
Pour beaucoup d’observateurs, à l’instar du journaliste espagnol spécialiste de la question, Ignacio Cembrero, c’est la bombe migratoire, longtemps, brandie par le Makhzen qui a poussé le pouvoir en Espagne de choisir ce chemin, pour le moins hasardeux, de régler le problème. Toujours est-il qu’il s’agit d’un raccourci qui risque d’exacerber les tensions dans la région plus qu’il ne contribue à solutionner le problème d’une population marocaine que la pauvreté pousse à voir de l’autre côté de la méditerranée.
Alors qu’il s’agit d’un mouvement spontané poussé par la misère, les espagnoles ont cru à une machination marocaine et que le Makhzen pourrait la contrôler…
Pour le Front Polisario, ce revirement de l’ancienne puissance coloniale du Sahara occidentale constitue un «grave dérapage » et une « faute grave ».
«Il s’agit d’un grave dérapage qui est en contradiction avec la légalité internationale et qui soutient l’occupation et encourage l’agression et la politique du fait accompli et de la fuite en avant», a indiqué la présidence de la République sahraouie dans un communiqué.
L’Algérie convoque son l’ambassadeur à Madrid
Le premier dommage direct que cette position espagnole est le risque d’une dégradation de ses relations avec l’Algérie avec qui elle partage de gros intérêts, notamment en matière d’énergie. Le moins que l’on puisse dire est que l’Espagne, un grand client du Gaz algériens, a mal choisi le moment d’une telle décision.
Pour sa première réaction, l’Algérie a décidé le rappel de son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat.
“Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat”, souligne le communiqué.
Aziz T.