En vrac par Madjid Khelassi
On était dans le Covid 19 et soudain…l’actualité se fait visqueuse et pétrolifère.
Le seul levier, qui nous tenait lieu de lampe d’Aladin, se détraque…Le pétrole, soupape du statu quo, de l’achat de la paix sociale et de l’éternité du système, prend une claque aussi inattendue qu’inquiétante.
Mamelle principale de la rente grâce à laquelle l’Algérie pérorait, le pétrole- magot et butin en même temps- était la seule chose qu’on « tradait ».
« Pétrole et bess » comme dirait un Cairote. Boudé par la planète, cette fois-ci embourbée dans le Coronavirus, il file le bourdon aux populaces et dirigeants. Le Conseil des ministres d’hier, qui a débloqué 4 millards de dinars pour contrer la propagation du Covid 19, a surtout insisté sur la nécessité d’une transition énergétique basée sur les énergies renouvelables. Sur l’effondrement du prix du brut, pas un mot.
Panique à bord du vaisseau Algérie ou espoir dans l’inaltérable baraka divine ? La fin de la rente pétrolière se vit motus et bouche cousue. N’a-t-on plus les moyens de notre politique ?
A part le pétrole et le gaz, qu’est-ce qu’on pourrait vendre aux étrangers, demande le citoyen lambda ? Nos produits agricoles ? Nos ressources halieutiques ? Notre énergie solaire oubliée dans le plus grand bassin d’ensoleillement de la planète qu’est le Sahara ? Le tourisme, décrété inutile depuis 1962 ?
Ou alors que faire? Réactiver la planche à billets ? Recourir à l’endettement extérieur ? Vendre ou louer le pays aux Chinois ? Dévaluer un dinar éreinté ? Vendre les réserves de change à la bourse du marché parallèle ?
Il était une fois l’aisance, l’embellie, El Bahbouha comme disait Sellal. Entre 120 et 200 milliards de dollars… dans les caisses. Fanfaronnades des dirigeants prêtant 5 milliards de dollars au FMI puis claquant on ne sait où 1000 milliards de dollars. Et bombance des oligarques pillant et dévastant à s’étourdir.
Mars 2019, le printemps algérien est effarant. Ce pétrole, suintant la débâcle, succède-t-il à la faillite ou précède-t-il la banqueroute jusque là contenue par la rente satanique du pétrole ?
Ah le pétrole maudit ! 20 ans d’embellie financière et 20 ans de chapardages en réunion , le retour à la case dèche est terrible. Goldman Sachs estime que le brent de la mer du Nord pourrait descendre jusqu’à 20 dollars. Tel un destin qui s’accomplit, la conjonction du Coronavirus et de l’effondrement du prix du pétrole ( source principale de nos revenus ) semble nous dire que nous sommes indéfiniment abonnés aux désastres.
