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Situation sociale : le moral des Algériens en berne

Incendies, pénuries d’eau, flambée de l’épidémie, canicule, début calamiteux de la saison estivale mais aussi baisse du pouvoir d’achat sans qu’il y ait des signes de reprise économique affectent, avec pesanteur, le quotidien des Algériens.

En ce début d’été, la situation générale du pays s’est brusquement détériorée. En plus des pénuries d’eau qui touchent plusieurs régions du pays, en particulier la capitale, les feux de forêts se sont déclarés à plusieurs endroits.

Au même moment, l’épidémie du Covid-19 amorce une escalade dangereuse. Les hôpitaux sont déjà surchargés et le personnel soignant, à l’épreuve depuis une année et demie, fait difficilement face à la nouvelle vague.

Le climat connaît également des extrêmes avec une canicule qui atteint des records au Nord comme au Sud. Même la baignade en mer devient risquée puisque des dizaines d’estivants en villégiature à Ténès ont dû être évacués vers les services des urgences à la suite d’une mystérieuse intoxication collective.

D’autre part, les routes ont été le théâtre d’un véritable carnage, ces derniers jours. De nombreux accidents meurtriers ont eu lieu ici et là faisant des victimes par dizaines. Les sinistres qui ont été abondamment couverts par les médias ont contribué à alourdir une atmosphère déjà anxiogène.

La brusque flambée de l’épidémie aura également pour conséquence l’annulation des fêtes et des communions familiales qui auraient pu agir en ces temps moroses de véritables soupapes d’échappement.

Les autorités n’ont cependant pas annoncé l’annulation de l’Aïd El Adha qui, en plus de son caractère sacré, constitue une occasion de célébration gourmande durant laquelle les fidèles assouvissent, goulûment, leur besoin de viande. Toutefois, en dépit des restrictions sanitaires et de l’obligation d’observer les distances sociales, il est improbable que le rituel soit interdit cette année car ses enjeux dépassent les considérations religieuses.

Les éleveurs subiraient des pertes énormes si le sacrifice des moutons n’avait pas lieu. Ce seront des millions de têtes qu’il faudrait retourner au bercail, les nourrir avec un fourrage de plus en plus coûteux à cause de l’inflation, les traiter avec des médicaments onéreux pour éviter les maladies parfois très contagieuses qui déciment les troupeaux.

Les mariages qui constituaient une autre occasion d’acheter des agneaux pour les besoins des repas nuptiaux ont connu une baisse sensible l’année dernière et risquent d’être prohibés cet été. Autre manque à gagner, le retour des pèlerins des Lieux-Saint qui était fêté par des festins où la chair de mouton garnissait le couscous a également cessé depuis l’annulation du Hadj et de l’Omra.

Glissement du dinar vers le bas et pertes d’emplois

Même si toutes les cérémonies, les commémorations, les agapes et les réjouissances revenaient d’un coup, combien d’Algériens pourraient se permettre de dépenser une fortune pour organiser des banquets ? La situation économique du pays frôle le désastre et le niveau de vie général s’est brusquement effondré. Le glissement vers le bas du dinar depuis des années, les pertes d’emploi dues à un ensemble de facteurs notamment la fermeture d’entreprises depuis le déclenchement de la pandémie, la rareté de l’embauche pour les mêmes raisons ont considérablement appauvri la population. Sauf miracle, la situation est même appelée à s’aggraver. Dans cet ordre d’idée, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a reconnu que les travailleurs ont beaucoup souffert de la crise sanitaire mais Salim Labatcha n’a trouvé de solution à leur proposer que la vaccination et l’acquisition d’une immunité collective. Malheureusement, la faiblesse des structures pouvant être mobilisées pour cette campagne et la rareté des vaccins empêchent l’accélération de l’opération.

Par ailleurs, aucun plan de redressement des recettes du pays par un investissement massif et par le démarrage de la production créatrice d’emplois et de richesses. Les cours du pétrole qui ont depuis toujours déterminé la prospérité du pays font du surplace depuis des mois maintenant. Résultat, l’Etat peine à maintenir sa politique sociale, sans disposer de moyens à faire décoller l’économie.

La perte de nombreux artistes ces dernières semaines a augmenté la sensation de suffocation que ressent la majeure partie des habitants. La disparition, hier, de Farid le rocker, le comédien apprécié par les téléspectateurs depuis trois décennies, a rajouté une couche à la détresse nationale.

Enfin, la défaite de la Jeunesse sportive de Kabylie devant le Raja de Casablanca, en finale de la Coupe d’Afrique et celle de l’équipe nationale des U20 devant l’Arabie Saoudite en finale de la Coupe arabe des nations en cette catégorie a augmenté l’oppression des poitrines et resserrement des cœurs.

L’ambiance est donc mortifère et ne prête qu’aux rictus et à la crispation. Il est donc temps de créer des motifs de joie pour le retour du sourire et de la légèreté.

Mohamed Badaoui

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