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Situation économique : le gouvernement promet le retour de la croissance

Après huit années de vache maigres et presque deux de crise sanitaire, le gouvernement annonce une reprise de la croissance dès cette année. Toutefois, les Algériens qui se sont considérablement appauvris ces derniers temps mettront du temps pour en goûter les fruits.

Depuis huit ans, à cause de la baisse des revenus extérieurs de l’Etat à la suite de l’écroulement des cours pétroliers, le niveau de vie des Algériens ne cesse de se dégrader. L’appauvrissement de la population est visible à vue d’œil comme en témoigne l’exacerbation de certains phénomènes à l’instar de la mendicité, de la petite délinquance et la multiplication des candidats à l’émigration  clandestine vers l’Europe.

Même si les chiffres du chômage ne laissent pas transparaître une chute vertigineuse de l’emploi, trouver du travail aujourd’hui devient un parcours du combattant au bout duquel on n’est même pas sûr d’être recruté.

De jeunes diplômés acceptent maintenant n’importe quelle occupation, en particulier les filles, pour survivre avec un maigre plutôt que de rester désargentés. Une grande partie des garçons est, pour sa part, attirée par l’exil à l’étranger. Certains d’entre eux tentent l’aventure sur des embarcations de fortune au péril de leur vie.

L’Indice de développement humain de l’Algérie la classe au 91e rang mondial avec une performance de 0.748, pas très loin des autres pays de son voisinage. Cette valeur qui va de 0 à 1 tient compte de trois dimensions: la longévité accompagnée de la santé, le niveau de scolarisation général et sa qualité ainsi que du standard de vie, calculé à partir du produit intérieur brut (PIB) per capita en tenant compte de la parité du pouvoir d’achat.

Or, les Algériens sont très critiques envers leurs systèmes de santé et d’éducation et se plaignent de la faiblesse de leur pouvoir ainsi que de leurs conditions de vie en général. La crise du logement, bien que quelque peu atténuée par les programmes de construction de ces dernières années, demeure leur plus grand souci. De plus, les nouveaux ensembles immobiliers qui ont été livrés dans le cadre des diverses formules adoptées par les autorités répondent peu aux critères d’une vie épanouie.

Flambée des prix

Sur le plan matériel, les prix des denrées alimentaires et des services ont considérablement augmenté. Même si le coût de quelques produits de base, tels que le lait et le pain, sont toujours subventionnés, d’autres aliments, notamment les légumes secs, ont flambé.

Ces pics sont, certes, corollaires à l’appréciation des cours des produits alimentaires sur les marchés mondiaux en raison de la crise sanitaire mais s’expliquent en premier lieu par les dévaluations successives du dinar qui, en quelques années, a vu sa valeur s’effondrer. En 2014, un dollar s’échangeait contre environ 79 DA. Ce mois d’octobre, il vaut plus de 137,45 DA au change officiel. En 1987, 1 dollar valait moins de 5 DA.

La dépréciation du dinar ne profite qu’aux exportations des hydrocarbures dont se nourrit à quelque 98% le budget de l’Etat. Les exportations algériennes hors énergie fossile demeurent négligeables même si elles ont crû de manière significative en valeur absolue lors des derniers exercices.

Le glissement vers le bas de la monnaie nationale devait, en principe, renforcer l’attractivité du pays pour les investissements directs étrangers mais aussi pour le tourisme international. Toutefois, les deux objectifs n’ont pas été atteints. L’Algérie continue d’être un gros importateur tandis que sont industrie ne participe qu’à hauteur de 5% du PIB. Son agriculture dont l’offre s’est multipliée ces dernières années, mais n’arrive pas à s’imposer sur les marchés étrangers. Quant au tourisme, l’Algérie est loin d’être une destination appréciée par les étrangers.    

En dépit de ce tableau économique sombre, le gouvernement a annoncé des perspectives rassurantes pour les prochaines années. Selon ses estimations, l’année 2021 sera celle de la reprise de la croissance qui atteindra +4,4% contre -4,9% en 2020, même si le dinar baissera de 6% face au dollar américain ce qui poussera l’inflation vers le haut de près de 5% par rapport à 2020. Celle-ci se stabilisera aux alentours de 3,7% en 2022 et 2023 et enregistrera une légère hausse en 2024 pour atteindre le seuil de 3,8%.

Le projet de loi de Finances pour l’exercice 2022 prévoit, d’autre part, l’affectation de 1942 milliards de dinars aux transferts sociaux, soit le cinquième du budget de l’État. L’aide aux familles et aux secteurs du logement et de la santé se tailleront la part du lion de la manne avec 62 % du total des transferts. En comparaison, les dépenses de fonctionnement de l’Etat atteindront 6311,5 milliards DA et celles d’équipement 3546,9 milliards DA  sur un montant global de 9858,4 milliards DA.

Mohamed Badaoui

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