Commentant l’élection récente d’un nouveau président à la tête de l’Algérie, le professeur Chems Eddine Chitour l’appelle à
« parler vrai » et à éradiquer « les pratiques mafieuses du pays », afin, dit-il, de faire revenir la confiance parmi ses citoyens.
Accueilli, hier, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio algérienne, cet éminent enseignant à l’Ecole polytechnique d’Alger estime, par ailleurs, qu’on ne saurait bâtir le pays « si la jeunesse est mise sur la touche et continue à être marginalisée ».
Evoquant les chantiers qui attendent M. Abdelmadjid Tebboune, l’intervenant met en avant la nécessité pour celui-ci de faire un état des lieux « sans complaisance » et de tracer des perspectives « à un pays en friche ». Revenant au « parler vrai », il invite ce dernier à dire aux Algériens que leur Etat fait face à une situation pénible « du point de vue économique », estimant que ce qui a été fait auparavant, n’est nullement l’effet de l’intelligence « de ceux qui l’ont dirigé mais le résultat de la rente, donnant l’illusion à ses citoyens qu’ils vivaient dans un pays développé”. De ce qu’il désigne, par ailleurs, comme la « Révolution tranquille du 22 février », le professeur Chitour juge que celle-ci a donné une belle image de tolérance et d’ouverture de l’Algérie, mais pour autant, insiste-t-il, « il faut maintenant passer à autre chose ».S’adressant à nouveau au Président récemment élu, il déclare que ses promesses « doivent être tenues », notamment en faisant respecter les principes d’alternance, de liberté, d’indépendance de la justice et, d’un autre côté, à répondre au droit des nationaux à accéder à l’éducation, à la santé, à avoir un métier décent et à un logement. Pour cela, dit-il, il faut mettre le pays en ordre de marche, mais, constate-t-il, « ce n’est pas encore le cas ». A propos du mouvement populaire de contestation, né en février, l’invité juge que le moment est venu pour celui-ci de se structurer et de dégager des représentants avec lesquels engager le dialogue sur le fait de savoir « ce que nous voulons pour ce pays et vers où nous voulons aller ».