Une vaccination de masse à l’échelle du pays n’a pas eu lieu. S’agit-il d’un abandon faute de volume suffisant de doses pour satisfaire toute la population ou de l’abandon de l’opération pour d’autres raisons ? En voici quelques unes.
La vaccination contre le Covid-19 ne fait plus l’objet de communication officielle. Comme si l’opération ait été abandonnée ou se poursuivait de manière confidentielle. Des sources affirment en effet que, à l’abri des regards, des « nantis » et des « chanceux » reçoivent en catimini leurs doses dans certains établissements sanitaires.
Les autorités n’ont donc pas réussi, comme il était annoncé des semaines plus tôt, à déclencher une opération massive à l’échelle du pays au profit de toute la population. Le sujet est actuellement totalement occulté puisque aucune communication ne lui est consacrée depuis un moment. Dans tous les cas, le volume des vaccins réceptionné en Algérie est insuffisant pour immuniser plus de 40 millions d’habitants. Le retard est dû à un manque d’anticipation, selon des analyses, ou à un manque d’argent pour s’approvisionner, selon d’autres.
Des explications, plus scientifiques ou plus optimistes, parlent carrément de l’extinction de la maladie. Ainsi, le professeur Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie et chef de service du laboratoire central EPH Rouiba, a supputé au micro de la station radiophonique régionale de Sétif, qu’ « il est fort possible que le taux d’immunité collective des Algériens ait dépassé les 50%, ce qui explique la baisse des cas d’infection ».
Il a même exprimé sa fierté que la situation épidémiologique actuelle dans le pays « est à envier », en raison de la fermeture des frontières et de « notre arrivée à l’immunité collective ». « Nous avons mené une étude sur le terrain auprès de 1000 donneurs de sang et nous avons découvert que plus de 50% étaient infectés et ne présentaient aucun symptôme », a-t-il avancé. Le Pr Djenouhat a attribué ce succès au confinement partiel à domicile et donné l’exemple de Sétif où deux grandes vagues d’infections ont, selon lui, « créé une forte immunité parmi les citoyens de la wilaya, qui a dépassé 50% ». Il présume, au vu de ces résultats, que « 50% à 80% des citoyens pourraient être infectés par l’épidémie sans apparition de symptômes, ce qui explique la situation actuellement confortable ».
Le spécialiste estime que le Comité scientifique a complètement maîtrisé le nouveau virus à travers une « enquête directe et rapide » sur les premières infections. La situation est donc « maîtrisée et pas inquiétante », a-t-il rassuré tout en réitérant « la nécessité de poursuivre les mesures préventives et d’éviter les dangers dus au laxisme ».
Selon l’analyse de l’immunologiste « l’Algérie a évité la troisième vague de l’épidémie, grâce à la décision de fermer complètement les vols et les frontières ». Elle est même « en passe de remporter la victoire sur cette épidémie avant la fin de l’année » si, bien sûr, « Dieu le veut » et « si nous continuons au même rythme et maintenons la prévention ». Il a, par ailleurs, exclu le retour au confinement pendant le mois sacré du ramadan, mais il a appelé les citoyens à « ne pas négliger l’utilisation du masque de protection » et à respecter « la distanciation sociale ». Il a également fustigé « ceux qui ont réclamé l’ouverture des frontières » quitte à « nous faire entrer dans la troisième vague que le monde connaît actuellement et (que) nous l’avons évitée ». Ce n’est pas le cas de la France, souligne-t-il, qui a enregistré 46 000 cas en une journée.
Le Pr Djenouhat a enfin fait savoir que « l’Algérie n’a pas suspendu la vaccination avec AstraZeneca » et à mis la polémique qui a visé ce remède sur le compte d’une « guerre de laboratoires et de lobbies » alors qu’en Algérie « nous n’avons enregistré aucune complication grave », a-t-il témoigné.
Mohamed Badaoui