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Journée internationale contre les essais nucléaires : les essais français en Algérie demeurent un crime imprescriptible

Dans la matinée du 13 février 1960, avait lieu le premier essai nucléaire français sur le sol algérien dans la région de Reggane. C’était l’époque où l’Algérie, toute l’Algérie, était considérée comme faisant partie de la France. La première bombe dénommée “Gerboise bleue” était d’une puissance de 70 kilotonnes, soit trois ou quatre fois plus puissante que celle larguée par les Américains sur Hiroshima

L’expérience ne s’était pas arrêtée là. Entre essais aériens et souterrains, la France a pratiqué une série de 17et ce jusqu’au milieu des années 60, bien après la fin de la guerre et l’indépendance de l’Algérie.

Après des années d’expériences diverses, “les deux sites de Reggane et d’In Ekker ont été remis à l’Algérie sans qu’aucune modalité de contrôle et de suivi de la radioactivité n’ait été prévue”, reconnaissait, en décembre 1997, un rapport du Sénat français.

Selon un rapport de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), “dès le début des expérimentations nucléaires, la France a pratiqué une politique d’enfouissement de tous les déchets sous les sables. Tout ce qui était susceptible d’avoir été contaminé par la radioactivité – avions, chars, et tout autre matériel – a donc été enterré”.

Pire encore, “des matières radioactives (sables vitrifiés, roche et lave contaminées) ont été laissées à l’air libre, exposant ainsi la population et l’environnement à des dangers certains”, poursuit le rapport.

Selon l’avocate algérienne, Fatma Benbrahem, la zone impactée par les tirs nucléaires français en Algérie est 700 kilomètres de diamètre : “C’est la zone dans laquelle se trouvaient les victimes de ces explosions atomiques, explique l’avocate. Cela mérite d’être mentionné car jusqu’à ce jour, la France ne veut pas reconnaître le diamètre dans lequel ces explosions ont eu lieu. La liste des maladies radio-induites qui s’élève actuellement à 42 maladies radio-induites n’est reconnue que pour 12 de ces cas. Il convient d’en citer quatre autres. On est donc loin d’une reconnaissance de l’impact sanitaire sur les citoyens.”

«Un document sur les retombées réelles de cette explosion, classé secret défense et déclassifié en avril 2013, montre l’immensité des zones touchées et ce, jusqu’en Afrique subsaharienne, en Afrique centrale et même en Afrique de l’Ouest. Le nuage radioactif a atteint également les côtes méditerranéennes de l’Espagne et la Sicile (Italie). Des taux de radioactivité différents suivant le déplacement des particules de poussière» rapporte l’APS.

Force est de constater que de la loi Morin, votée le 5 janvier 2010, les victimes algériennes n’ont reçu de la part des gouvernements français aucune réparation. Les centaines de kilomètres de la zone impactée ne cesse de d’engendrer des victimes. Des victimes qui naissent encore aujourd’hui, plus de soixante ans après.

Dans un communiqué publié à l’occasion Journée internationale contre les essais nucléaires, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), a qualifié les essais nucléaires français au Sahara algérien de crimes imprescriptibles engageant une “responsabilité juridique”.

Ces essais, ajoute le communiqué, avaient entraîné “la destruction et l’annihilation de l’homme, de la nature et de l’environnement”.

Pour le CNDH, il faut traiter le problème à la fois comme faisant partie de la mémoire et comme un problème auquel il faut trouver des solutions.

“Il est plus évident que jamais que le dossier de la mémoire doit continuer à être brandi face à quiconque songerait à l’occulter”, indique le communiqué. “Les essais nucléaires, en particulier, demeureront à jamais des crimes imprescriptibles, dont les séquelles ne sauraient être réparées par une quelconque indemnisation, aussi importante soit-elle”.

D’autre part, poursuit le CNDH, “l’espoir subsiste quant à l’atténuation des effets de cette catastrophe, à la faveur d’une recherche approfondie permettant de traiter ce phénomène”, a estimé l’organisme consultatif, expliquant qu'”il ne s’agit pas seulement d’octroyer des indemnisations adéquates et d’apporter un soutien psychosocial aux victimes de ces crimes coloniaux odieux, mais aussi d’employer les méthodes scientifiques pour trouver des solutions adaptées aux problèmes environnementaux qui exigent une décontamination totale”.

Hamma Sadek

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