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Il y a 64 ans le premier essai nucléaire français sur le sol algérien : les victimes Algériennes en quête de reconnaissance

Le 13 février 1960, à 7 h 4 m du matin, un immense champignon nucléaire avait illuminé le ciel de la région de Reggane dans le grand sud algérien. Il s’agissait du premier essai nucléaire avec lequel la France a signé son entrée dans le club des puissances nucléaires.

Au nom de code Gerboise bleue, cette bombe développait une puissance de 70 kilotonnes. L’explosion est trois ou quatre fois plus puissante que celle d’Hiroshima. A cette époque, la protection des êtres vivants comme de la nature constituaient les derniers soucis d’un Charles De Gaulle. Tout ce qui l’intéressait, c’était de rattraper l’avancée des Américains et des Russes dans le domaine de la persuasion nucléaire. D’autant plus que les moyens et techniques de protection étaient rudimentaires.

Ainsi, Gerboise bleu était la première d’une longue série d’essais nucléaires aux conséquences désastreuses sur la population locale et sur l’environnement.

Un rapport annuel du Commissariat français à l’énergie atomique (CEA) de 1960 révèle l’existence d’une zone contaminée de 150 km de long environ.

Un document sur les retombées réelles de cette explosion, classé secret défense et déclassifié en avril 2013, montre l’immensité des zones touchées et ce, jusqu’en Afrique subsaharienne, en Afrique centrale et même en Afrique de l’Ouest. Le nuage radioactif a atteint également les côtes méditerranéennes de l’Espagne et la Sicile (Italie). Des taux de radioactivité différents suivant le déplacement des particules de poussière.

Après  “Gerboise bleue”, trois autres essais nucléaires atmosphériques ont été effectués à Reggane entre avril 1960 et avril 1961:

Le 7 novembre 1961, que la France a effectué son premier essai nucléaire souterrain (Agate).

Le 1er mai 1962, la France réalise un deuxième essai souterrain.

Cependant, lors de cet essai, un nuage radioactif s’échappe de la galerie de tir. C’est l’accident de Béryl, du nom de code de l’essai.

Onze autres tirs en galerie ont été effectués jusqu’à février 1966, dont trois n’ont pas été totalement contenus ou confinés (Améthyste, Rubis, Jade).

 Après des années d’expériences diverses, “les deux sites de Reggane et d’In Ekker ont été remis à l’Algérie sans qu’aucune modalité de contrôle et de suivi de la radioactivité n’ait été prévue”, reconnaissait, en décembre 1997, un rapport du Sénat français.

Un autre rapport de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), plus récent, indiquait que “dès le début des expérimentations nucléaires, la France a pratiqué une politique d’enfouissement de tous les déchets sous les sables. Tout ce qui était susceptible d’avoir été contaminé par la radioactivité – avions, chars, et tout autre matériel – a donc été enterré”.

Pire encore, “des matières radioactives (sables vitrifiées, roche et lave contaminées) ont été laissées à l’air libre, exposant ainsi la population et l’environnement à des dangers certains”, a-t-elle déploré.

Selon l’ICAN, la France n’a jamais dévoilé où étaient enterrés ces déchets, ni leur quantité.

Soixante ans après, les habitants des régions contaminées continuent à en subir les conséquences. Des bébés naissent avec les malformations congénitales voire même des cancers de la gravité la plus extrême (des leucémies,  des cancers de la thyroïde, du poumon, du sein).  Toutes sortes de maladies sont facilement mises à la solde des radiations nucléaires telles que des maladies des voies respiratoires ou urologiques… la liste est loin d’être exhaustive.

Pour les Algériens, ces essais sur le sol algérien ne sont rien d’autres qu’un crime contre l’humanité, imprescriptible. Et que des indemnités matérielles à elles seules ne sauraient les effacer. Il s’agit en plus des indemnités, de reconnaître ces crimes par l’Etats français. Or jusqu’à aujourd’hui, les pouvoirs successifs en France n’ont fait aucun geste ni dans le sens des indemnités ni dans le sens de la reconnaissance.   

La loi dite « la loi Morin », adoptée le 5 janvier 2010 par le parlement français sous la pression d’associations de victimes algériennes et Polynésiennes, n’a rien donné aux Algériens. C’était une loi préparée pour les autres.

Au total, 1598 dossiers ont été, entre le 5 janvier 2010 et le 31 décembre 2019, enregistrés par le Comité d’indemnisations.

Seulement 49 dossiers proviennent de populations résidant en Algérie au moment des essais.

Si 75 propositions d’offre d’indemnisation ont été faites auprès de victimes civiles et militaires ayant séjourné en Algérie, durant la période des essais, une seule victime “habitant en Algérie” a reçu une indemnisation en près de 10 ans.

Sid Ali

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