Le président Abdelmajid Tebboune nommera-t-il un chef du gouvernement au lieu d’un Premier ministre ?
Trois partis politiques, le FLN, le RND et le front El Moustakbal se dirigent vers la formation d’une alliance présidentielle, permettant au président de la république de nommer un Premier ministre lui permettant de poursuivre la mise en œuvre de son programme. Ces trois formations totalisent 210 sièges à la nouvelle assemblée, une majorité simple, mais suffisante pour former un gouvernement.
L’initiative était attendue. Elle s’inscrit, même, dans l’ADN politique de ces partis. Elle traduit, toute fois, l’incapacité à exploiter leur victoire aux élections législatives et assumer la responsabilité politique en gouvernant indépendamment du centre du pouvoir.
Les résultats des récentes élections législatives placent le président devant deux options. Soit il accepte l’alliance présidentielle annoncée et décide de la nomination d’un Premier ministre qui continuera à mettre en œuvre son programme politique tout en assumant les conséquences qui en découlent.
Soit il s’excuse auprès de ces partis et maintient sa position de président non-partisan. Cette même position adoptée lors des élections présidentielles qui l’ont porté à la magistrature suprême devant les candidats de ces mêmes partis qui se proposent aujourd’hui pour appliquer son programme.
Faut-il rappeler que Le front El Moustakal avait présenté son propre candidat et que le FLN avait déclaré publiquement son soutien au candidat du RND.
La seconde option poussera l’alliance à former une force politique d’où émergera un chef du gouvernement responsable devant le Parlement sur la base d’un programme commun qui assume les conséquences solidairement face à une opposition bipolaire : d’une part, une opposition islamiste conduite par le HMS (ex- Hamas) et le parti du Mouvement El Binaa, et, d’autre part, une autre opposition à l’extérieur de l’hémicycle représentée par l’alternative démocratique.
Politiquement et moralement, cette alliance est censée continuer sur la même approche et investir dans les résultats des élections : se débarrasser de la réalité artificielle et préparer les échéances à venir, dont les élections présidentielles, qui ne seront que dans trois ans, ce qui est une période très courte.
Le scénario de la nomination d’un chef du gouvernement sur la base d’une majorité parlementaire indépendante convient mieux au président de la république, et cela si l’on tient compte du bilan mitigé qui a caractérisé ses 18 mois à la tête de l’Etat, compte tenu de la situation pandémique que connait le pays depuis plus d’un an. La baisse des prix du pétrole n’ont pas, non plus arrangé les choses.
Le choix d’un chef du gouvernement, seul responsable de son programme devant le parlement, permettra au président, pendant le reste du mandat présidentiel, d’éviter l’échec et de préparer tranquillement son 2e mandat.
En revanche, l’option de la nomination d’un chef du gouvernement permet l’émergence d’une opposition incarnant un vrai contre-pouvoir qui contrôle l’action du gouvernement et soustrait la vie politique aux querelles idéologiques et aux alignements stériles derrière un discours négatif qui peut dégénérer en confrontation.
Dans le cas contraire, l’opposition apparaît à deux niveaux, l’un au sein du pouvoir représentée par les partis qui ont remporté des sièges parlementaires, composé principalement d’islamistes avec leurs 106 sièges, et une seconde opposition composée des partis qui ont boycotté les élections représentée par l’Alternative Démocratique
Cependant, la dernière déclaration de Tayeb Zitouni, secrétaire générale du RND, en affirmant que son parti s’alliera avec les partis du Pôle national et que son programme recoupe celui du président, enterre l’espoir de voir le pays gouverné par un chef du gouvernement responsable devant le parlement.
Cela signifie que la classe politique à la tête de l’alliance est immature pour sortir du cocon de l’allégeance.
Fayçal Bakhouche