Presse et pouvoir : le ping-pong de cette relation date de la lampe à huile. En Algérie, ce concubinage naquit sur les débris d’un événement baptisé « Octobre 88 »…Hirak avant l’heure, octobre 88, moins souriant certes, fit bouger les lignes de la digue de la pensée unique et ébranla un système jusque là surnommé : Tout va bien madame la marquise . De parti unique siamois d’une pensée unique, on passa de l’ombre des phrases ordonnées à la lumière des premiers mots osés. Sitôt la chape de plomb ôtée, on vit naître les premiers journaux indépendants et sauter les figures imposées ( comme on dit en gymnastique ) jusque là. C’était presse..qu’un rêve ! Une liberté presque ingénue, déborda des rédactions, et émancipa des cœurs brûlés par environ 30 ans de T’hal fomek tarou snanek. 1990, puis la guerre civile, puis le HCE, Zeroual. 1999 et l’irruption de Boutef qui se proclama rédacteur en chef de la presse. Retour de bâton, culte de fakhamatouhou, mise au pas des journaux non dociles, monopole clientéliste sur la pub…La presse libre doit s’inventer une seconde langue sinon disparaître. Le journaliste devint subitement, seulement quelqu’un, qui un jour s’est trompé de porte. 20 ans de presse sous Boutef…un précis de décomposition emballé dans du papier qui vibre aux gestes du prince. Avec ristourne publicitaire immédiate sur les applaudissements au sérail. 2019…Boutef dans les cordes jette l’éponge face à un mouvement qu’aucun sismologue n’a prévu. Et la théorie des dominos, combinée au grondement de la rue, fait d’El Harrach la nouvelle résidence d’état. 12 décembre 2019, un président est élu, un gouvernement constitué…La revue des effectifs envoie au ministère de la presse, un enfant du secteur : Amar Belhimeur, journaliste et présentement ministre. Interrogations et espoirs mitigés, supputations et questionnements avérées. Le ministre annonce des chantiers de « réforme globale » , une pratique paisible des libertés, et un dialogue qui sera participatif et inclusif ! Grandes phrases presque couleur bois. La plume, née dans l’espoir, vieillira-t-elle dans le regret ? La faillite guette dans tous les journaux d’Algérie et la plume invente des journalistes qui se débattent pour rester en vie. Secteur à l’agonie prolongée ou métier mortifère ? Journaliste ? Cela nous fait rappeler le geste d’Antigone qui veut venger ses frères de l’absence de sépulture. Un journaliste ministre des journalistes…Et si on se mettait à rêver ?
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