La Santé de l’Algérie est loin d’être parmi les meilleures du monde. Sinon, pourquoi organiser des assises nationales pour la réformer en profondeur ? Selon un président de syndicat, une feuille de route a été dressée en 2014 mais elle n’a pas été appliquée.
Déjà fragile et désorganisé, le système de santé publique subit, depuis deux ans, une pandémie inédite qui a failli le terrasser lors de la troisième vague du covid-19, l’été dernier. Le secteur dont le pronostic vital n’est, cependant, pas engagé souffre de nombreux dysfonctionnements.
Le premier ministre lui a même décerné un tableau d’honneur puisque, selon lui, il dispose “de plus de 361 établissements hospitaliers et plus de 8.070 polycliniques et salles de soins, outre plus de 100 centres de dialyse, 13 centres de lutte contre le cancer et 433 centres de proximité d’accouchement”. Il compte, en outre, “660 établissements hospitaliers et centres sanitaires dans plusieurs spécialités, en sus de 6 centres de lutte contre le cancer qui fonctionnent au système de contractualisation avec le secteur de la santé publique et les organes de sécurité sociale”.
Ces chiffres permettent à l’Algérie, affirme Aïmene Benabderrahmane, de se classer “en tête des pays arabes” en termes d’indicateurs de développement humain et à la “3e place au niveau continental en termes d’indicateurs de développement humain”.
Dans ce cas, les assises de la Santé prévues la semaine prochaine seront une occasion de simples congratulations et de réjouissances entre le gouvernement et “l’Armée blanche”, comme l’a qualifiée Benabderrahmane. Le docteur Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialisés de la santé publique (SNPSSP), est d’un autre avis. Dans un entretien avec le site électronique TSA, le syndicaliste a dit que le personnel hospitalier ne comprend pas “pourquoi le ministère de la Santé veut organiser ces rencontres, avec tout ce que cela coûte comme argent et en temps, alors que le diagnostic a été fait, que le traitement est là et que nous avons ces trois outils”. Il fait, ici, référence au travail qui a été fait en 2014 lors d’assises similaires dont les résolutions n’ont pas été suivies, d’après lui, d’application.
“Nous avons la carte sanitaire, qui est en standby alors que nous l’avions validée avec les partenaires sociaux en 2015”, s’insurge Yousfi. “Et nous avons la réforme hospitalière, qui a fait le tour de tous les partenaires sociaux et qui a été validée par le Conseil des ministres, avec une feuille de route”.
Pour le gouvernement, les assises seront une occasion d’engager , “dans les plus brefs délais, une révision de l’ensemble du système de santé en procédant à une réforme profonde et globale basée principalement sur la révision de la carte sanitaire à travers l’adoption de nouvelles normes qui prennent en compte les besoins réels de chaque région, sur la base d’un diagnostic précis et de données objectives”.
Il déclare placer parmi ses priorités “la modernisation du secteur, notamment dans le domaine de la gouvernance et de la gestion du système sanitaire, que ce soit au niveau central ou local ou au niveau des établissements eux-mêmes afin de développer et d’améliorer les mécanismes de gestion basés sur la planification et l’introduction des systèmes d’information et de tous les systèmes de contrôle de gestion financière”.
Dans ce contexte, il a également annoncé le déblocage des “projets ayant été suspendus en raison du manque de ressources financières”, conformément à la nouvelle carte sanitaire avec organisation des priorités et en prenant en considération les besoins de chaque région”.
Concernant les wilayas du Sud et les Hauts plateaux, le Gouvernement a promis d’améliorer “la couverture sociale au profit des habitants de ces régions” par la mise en place de “programmes spécifiques à prendre en considération lors de la révision de la nouvelle carte sanitaire”.
Mohamed Badaoui