Accueil / Economie / Partenariat algéro-européen : l’Algérie a peu gagné en s’associant avec l’UE

Partenariat algéro-européen : l’Algérie a peu gagné en s’associant avec l’UE

Après de nombreuses années d’échanges inégaux, l’Algérie a décidé de revoir l’accord qui la lie à l’UE, “clause par clause”, en fonction d’une “vision souveraine” et d’une approche “gagnant-gagnant”.  

Il ne faut pas sortir d’Oxford pour savoir que l’Algérie a peu gagné de son accord d’association avec l’Union européenne. Seize ans après son entrée en vigueur, elle exporte essentiellement des hydrocarbures vers l’autre rive de la Méditerranée et en importe près de la moitié de ses besoins en en machines, en véhicules de transport et en produits agricoles et chimiques.

Ces échanges inégaux se chiffraient en 2020 à plus de 27 milliards de dollars. Parmi les produits que l’Algérie importe de l’UE, les demi-produits constituent 44%, suivis des biens de consommation non alimentaires (20%) et les biens d’équipements industriels avec (19%), tandis que les autres groupes d’équipements leurs taux varient entre 0,7% et 6,7%. Les biens alimentaires consomment plus 152 millions USD, produits d’énergie et lubrifiants 394 millions, les produits bruts 390 millions, les équipements agricoles 42 millions, les équipements industriels 1 milliard USD.

En retour, l’Algérie a exporté vers l’UE en 2020 un volume de marchandises équivalant à un peu plus de 12 milliards USD et importé près de 13 milliards USD, dont 5,893 milliards dans le cadre de l’Accord d’association. Il en a résulté un déficit de la balance commerciale avec l’UE de près de 1,5 milliards de dollars. 

En 2020, la balance commerciale de l’Algérie avec l’ensemble de ses partenaires étrangers un manque à gagner d’environ 10 milliards USD, un déséquilibre qui n’était couvert par les exportations qu’à hauteur de 69%.

Ce n’est évidemment pas la faute à l’Europe mais au vice rédhibitoire de la structure de l’économie algérienne qui n’arrive pas encore à se diversifier et ainsi augmenter ses recettes extérieures en écoulant sur les marchés mondiaux autre choses que les énergies fossiles. 

Toutefois, force est de constater que l’association avec l’Europe ne lui a pas bénéficié pour prendre son élan et se moderniser. Car l’accord né des bonnes intentions inscrites dans le Processus de Barcelone (appelé aussi Partenariat Euromed) devait profiter à tous ses signataires. Institué en 1995 à l’initiative de l’UE et de dix autres États riverains de la mer Méditerranée (l’Algérie, la Palestine, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Syrie, la Tunisie et la Turquie) il promettait d’aboutir à une véritable alliance des intérêts des patenaires. Il englobe aujourd’hui 27 États membres de l’UE et 14 pays du sud de la Méditerranée, du Moyen-Orient et des Balkans occidentaux mais, sur le terrain, ses retombées sont peu perceptibles.

L’initiative devait permettre la construction d’un espace de “paix, de stabilité et de prospérité, grâce au renforcement du dialogue politique et de sécurité, de la coopération économique, financière, sociale et culturelle”.

Sur le plan économique, Euromed devait favoriser l’instauration d’un marché de libre-échange en 2010 en associant les États des deux rives de la Méditerranée. Or, plus d’un quart de siècles après son lancement, le Processus de Barcelone et les accords d’association qu’il a inspirés n’ont pas vraiment profité aux plus démunis, en tout cas très peu à l’Algérie.

C’est pourquoi, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune a instruit le gouvernement de revoir les dispositions de l’Accord d’association avec l’UE, “clause par clause”, en fonction d’une vision souveraine et d’une approche “gagnant-gagnant”.

L’Algérie qui tente de relancer et diversifier son économie, créer un tissu industriel, lutter contre le chômage, en un mot, ne plus refaire les erreurs du passé semble déterminée à défendre ses intérêts bec et ongles quitte à froisser la puissante Union Européene.

Ali Younsi-Massi

A propos LA NATION

Voir Aussi

Bourse d’Alger : le système de cotation digitalisé entre en phase d’essais

Ce système sera établi dans un premier temps entre la Bourse et les intermédiaires, puis …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *