Le secteur des médias en Algérie est “riche” de sa diversité mais gagnerait “à renforcer son professionnalisme” pour être en phase avec les mutations du moment, ont estimé des professionnels et spécialistes des médias.
C’est de l’avis de Djamel Maafa, responsable du site d’information électronique, Algérieinfos, qui, interrogé par l’APS, à la veille de la commémoration de la journée internationale de la liberté de la presse, a soutenu que “le secteur des médias a connu beaucoup d’avancées” mais souffre néanmoins “d’insuffisances”.
Pour lui, la diversité du champs médiatique est en soi un “acquis très important”, mais, a-t-il précisé, cette diversité n’équivaut pas au professionnalisme du secteur.
“Nous assistons ces jours-ci, notamment dans certains programmes audiovisuels, à des productions au contenu regrettable foulant au pieds les règles élémentaires du métier”, a-t-il déploré, relevant que la qualité faisait défaut, en dépit de la multitude des programmes.
Il a plaidé pour des réformes “profondes” des médias pour prétendre au professionnalisme, ajoutant que partout dans le monde, des changements sont opérés d’où la nécessité d’être en adéquation avec ces mutations.
Evoquant cette mutation des médias, il a mis en avant la nouvelle tendance qu’est la profusion des médias électroniques, estimant toutefois que la profusion de titres papiers (près de 150 titres), ne reflète pas la réalité de ces mutations.
Concernant le secteur audiovisuel, M. Maafa (ancien journaliste de la télévision nationale et responsable d’une chaine TV privé), a estimé que cette “ouverture a échoué”, notant qu’il était important de revoir ce dossier, en se concertant et en associant les véritables acteurs et professionnels, tant ce secteur est stratégique pour le pays.
De son côté, le secrétaire général du Syndicat national des journalistes, Kamel Amarni a observé que le secteur des médias était en train de passer par une “période exceptionnelle” du fait de l’environnement politique économique et social pour aboutir à “des mécanismes universellement admis”, en terme de liberté de la presse et syndicale.
Il a relevé, dans ce sillage, que la liberté de la presse était “indissociable” de la situation sociale des journalistes, qui est “malheureusement dans un état catastrophique” (même si ce n’est pas le cas de tout le monde), expliquant qu’une bonne partie souffre de problèmes en terme de déclaration à la sécurité sociale, sont mal payés ou carrément ont perdu leurs emplois.
Evoquant les réformes engagées par le ministre de la Communication notamment en ce qui concerne la presse électronique, M. Amarni a indiqué que “nous en sommes qu’au début de ces chantiers (la pandémie du coronavirus a ralenti notamment beaucoup ce chantier), rappelant que l’organisation de cette presse a été l’une de leur revendication.
“Il faut absolument mettre en place les instruments juridiques pour encadrer cette nouvelle expression journalistique”, a-t-il plaidé, appelant les autorités à se pencher sur la situation des journalistes en précarité pour leur trouver des solutions qui préservent leur “dignité”.
Pour sa part, le spécialiste des médias, Laïd Zeghlami a regretté le fait que la presse restait toujours “otage de la rente publicitaire et d’une gestion bureaucratique” empêchant ainsi sa “pleine” expression et évolution.
Il a ajouté qu’actuellement “beaucoup d’efforts” étaient entrepris mais restaient “en deçà des espérances souhaitées” par les professionnels du secteur, relevant qu’il y a toujours “les séquelles de l’ancien régime”.
Pour lui, il y a une multitude de contenu sur différents supports (notamment les programmes audiovisuels), mais ils sont à parfaire tant ils ne répondent pas aux critères de qualité de professionnalisme.
Il a appelé, dans ce sens, au respect des règles de déontologie et d’éthique et à prévaloir le sens du professionnalisme dans l’exercice du métier, mettant l’accent sur la nécessité pour les médias d’opérer cette mutation numérique en incorporant dans leurs communication les différents supports numériques et les réseaux sociaux, pour assurer leur survie.