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Il prévoit une visite à Alger : Blinken personae non grata ?

Annoncée pour lundi, puis pour mardi, la visite à Alger du Secrétaire d’Etat américain, après une tournée au Moyen-Orient, semble désintéresser les responsables du pays.

Il est curieux que l’arrivée d’Antony Blinken à Alger annoncée pour cette semaine par des médias nationaux et étrangers ainsi que par le Département d’Etat américain ne fasse l’objet d’aucun communiqué officiel.

Ni la présidence de la République, ni le gouvernement, ni le ministère des Affaires étrangères, ni même l’ambassade des Etats-Unis en Algérie n’ont confirmé l’information. Le chef de la diplomatie des USA devait clôturer une tournée qu’il a entamée à Tel-Aviv à l’issue de laquelle il devrait s’entretenir avec le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue Ramtane Lamamra.

Le but du voyage, ce n’est un secret pour personne, est lié à la guerre en Ukraine mais concerne aussi la situation dans les Territoires palestiniens occupés ainsi que la question du nucléaire iranien. Cela peut-il expliquer le manque d’enthousiasme des autorités algériennes à recevoir le secrétaire d’Etat américain dont l’agenda ne coïncide pas, hormis sur la question palestinienne, avec les vues d’Alger ?

Le communiqué de presse du Département d’Etat américain avait affirmé, le 24 mars, que Blinken «rencontrera le Président Abdelmadjid Tebboune et le Ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra pour discuter de la sécurité et de la stabilité régionales, de la coopération commerciale, de la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales, et d’autres domaines d’intérêt commun».  Il sera également présent, selon le même document, à l’inauguration de la Foire internationale d’Alger, «la plus grande foire commerciale de ce type en Afrique» où son pays aura le statut d’invité d’honneur. «Il rencontrera des représentants d’entreprises américaines en Algérie pour discuter du renforcement des liens économiques et de la promotion du commerce et des investissements entre les États-Unis et l’Algérie», a ajouté le même communiqué.

Certains organes, français et algériens, ont par ailleurs cru savoir que l’envoyé de Washington demandera à ses interlocuteurs de rouvrir le pipeline qui alimente l’Espagne en gaz via le Maroc pour pallier une éventuelle pénurie en Europe si Moscou décide de fermer son robinet.

Quoi qu’il en soit, Blinken dont le parcours est jalonné de postes liés à la sécurité n’est pas ce qu’on peut appeler une colombe. C’est même l’exact contraire. Proche des néoconservateurs et un des principaux conseillers du complexe militaro-industriel, il a signé en 2019 avec Robert Kagan, chef de file de cette mouvance, une tribune dans le Washington Post où il préconisait le leadership américain sur le monde. C’est donc en VRP de ces lobbies qu’il a pris son bâton de pèlerin pour gagner, si ce n’est des clients, des sympathisants à son administration apparemment décidée, depuis le départ de Donald Trump et l’investiture de Joe Biden, de remettre le képi et les galons de gendarme global.

La région de Moyen-Orient et du Maghreb apparaît dès lors comme un engrenage stratégique dans cette politique. Ses réserves en hydrocarbures et ses capacités de production peuvent servir d’amortisseur en cas de choc énergétique en Occident et de roue de secours à un Occident qui risque, sous peu, la panne.

Cependant, l’Algérie qui est unie par des relations d’amitié avec la Russie, la Chine et d’autres pays que les Etats-Unis considèrent comme rivaux et nuisibles à leurs intérêts ne va pas, du jour au lendemain, changer de fusil d’épaule pour plaire aux faucons américains. Elle est, en revanche, opposée à la politique israélienne que Blinken s’est gardé de critiquer avec sévérité quant au traitement qu’elle réserve aux Palestiniens. Elle guette aussi d’éventuelles déclarations sur le Sahara occidental qu’il prononcera à Rabat, capitale d’un pays avec lequel elle est en profond désaccord sur de nombreux dossiers. Pour toutes ces raisons, le secrétaire d’Etat du plus puissant pays au monde peut, certes, visiter l’Algérie quand il le veut mais il est clair qu’il ne s’y sentira pas comme chez lui.   

Ali Younsi-Massi

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