Accueil / Conjoncture / Guerre en Ukraine : l’Algérie s’impose en acteur de la sécurité mondiale

Guerre en Ukraine : l’Algérie s’impose en acteur de la sécurité mondiale

Vingt-quatre heures après la visite à Alger du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, c’est au tour du directeur général de l’Etat-Major militaire de l’Otan, Hans-Werner Weirmann, d’y venir pour, apparemment, les mêmes motifs.

Même si elle affiche une neutralité de rigueur sur le conflit russo-ukrainien, sans toutefois renier sa vieille amitié avec Moscou, l’Algérie est devenue un carrefour obligé sur ce dossier. En l’espace de 24 heures, elle a ainsi reçu deux hauts responsables aux vues diamétralement opposées sur cette guerre qui met en péril toute la sécurité internationale. Elle semble donc, selon toute vraisemblance, tenir la poste restante entre les deux puissances nucléaires pour faciliter la communication entre elles.

On se souvient, en effet, qu’à la fin mars, juste après le passage du Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken qui représente le pays le plus influent de l’Alliance atlantique, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra s’était envolé vers la capitale russe pour y rencontrer ses dirigeants.

Tout porte donc à croire que les Occidentaux et les Russes ont délégué aux autorités algériennes l’organisation d’une sorte de dialogue en différé puisque d’autres canaux ont clairement affiché leur engagement ou voire leur soumission à l’un des deux camps.

La posture observée par l’Algérie explique le chassé-croisé diplomatique qui s’y déroule depuis le déclenchement des hostilités en Europe orientale. En tant que pays gazier à un moment où ce carburant devient une denrée menacée de pénurie, elle subit certainement une double pression des parties en belligérance. Elle maintient néanmoins une politique à équidistance ainsi qu’une liberté de parole et d’action pour ne pas hypothéquer l’indépendance de sa décision et préserver sa propre sécurité.

C’est dans ce contexte qu’il faut mettre les propos du chef d’état-major Saïd Chanegriha, prononcés en présence de son puissant Hans-Werner Weirmann. Le général de corps d’armée a dit en substance : “l’Algérie, malgré la politique de neutralité qu’elle adopte sur le plan international et son souci de s’exclure de toute tension, continuera de coopérer avec tous ses partenaires dans le cadre de ses intérêts nationaux et de ses principes immuables”.

Chanegriha a également rappelé que cela n’empêche pas son pays de condamner “la politique de deux poids deux mesures, que la communauté internationale emploie actuellement dans le traitement des questions des peuples opprimés”. Cependant, en dépit de cette réalité, “l’Algérie continuera, à l’instar des autres Etats du monde, de coopérer avec ses alliés et ses partenaires”, a-t-il précisé.

 Autrement dit, la situation en Afrique du Nord et du Sahel est suffisamment inquiétante pour se permettre d’ouvrir de nouveau fronts en s’ingérant dans des affaires dont elle ne peut tirer aucun bénéfice.

“Votre visite traduit l’intérêt accordé par l’OTAN à notre région, et démontre ainsi l’importance que votre organisation confère aux efforts consentis sur le plan régional dans le domaine de la sécurité et de la stabilité des pays de la rive sud de la Méditerrané”, a affirmé le chef d’état-major. “Il est clair que la compréhension mutuelle des questions actuelles permettra aux deux parties de mieux cerner les défis sécuritaires auxquels sont confrontés les pays de notre région, et aboutira certainement à la construction d’une vision commune, à même de prémunir davantage notre région des dangers de la division et de l’état d’insécurité”.

Une cause entendue et approuvée par Hans-Werner Weirmann qui a salué “le rôle pivot que joue l’Algérie dans la préservation de la sécurité et de la stabilité dans la région, en apportant son aide et assistance dans différents domaines aux pays du voisinage, tout en les accompagnant dans le règlement de leur situation sécuritaire”.

Ali Younsi-Massi

A propos LA NATION

Voir Aussi

Présidence de la république : mouvement partiel dans le corps des walis

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a opéré, mercredi, un mouvement partiel dans …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *