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Gouvernance : ce que révèle le cas Amara

La démission du président de la Fédération algérienne de football n’a pas calmé encore calmé l’opinion. Ce responsable n’est que le bouc émissaire d’un monde occulte pourri et incompétent où se mêlent politique, sports et affaires.

Au coup de sifflet final du match barrage des éliminatoires pour la coupe du monde 2022, Charaf-Eddine Amara savait qu’il était devenu l’homme le plus détesté du pays, presque autant que l’arbitre Kabary Gassama qui, aux yeux des Algériens, a volontairement saboté leur équipe.

Le président de la Fédération algérienne de football (Faf) n’a eu dès lors d’autre choix que de remettre le tablier et accepter son nouveau rôle de bouc émissaire pour expier le péchés d’un milieu corrompu et vicié. Quarante-cinq millions d’Algériens lui reprochent la débâcle de Tchaker et l’effondrement de la sélection nationale laquelle détenait, quelques semaines auparavant, un record d’invincibilité qui la plaçait juste derrière la Squadra azzura italienne.

Le groupe de Djamel Belmadi devait faire de la Coupe d’Afrique des nations une formalité tant il paraissait se placer au-dessus de toute rivalité et allait assurer sans peine sa participation à la Coupe du monde de 2022. Ce rêve de puissance s’est brutalement brisé d’abord à Douala devant la modeste équipe du Cap Vert puis devant les Lions indomptables du Cameroun à Blida en terre d’Algérie.

L’affaire a pris aussitôt une dimension politique, voire géopolitique. L’Algérie ferait l’objet d’un complot international, pour certains, mais d’autres considèrent qu’il n’y a que les responsables nationaux à blâmer. Selon ces avis, Belmadi et son style franc, sans concession, a certainement dérangé des cercles et des individus qui n’attendaient que le moment d’en découdre avec lui quitte à démolir une entreprise qui, hier encore, faisait la fierté de tout un peuple.

Evidemment, personne ne saura dans le détail ce qui s’est réellement passé. Car le monde du football ressemble jusqu’à s’y méprendre au monde politique. Les mêmes pratiques, les mêmes intrigues, les mêmes personnages de l’ombre ou parfois leur fac-similé mettent un pied dans l’un et une main dans l’autre. Comme il s’agit d’un formidable outil de gestion des foules, il devient un moyen efficace et extrêmement utile pour la réalisation des desseins.

Amara qui fumait tranquillement le cigare à la tête de Madar, la compagnie de tabac héritière de l’historique SNTA, s’est retrouvé propulsé président de la Faf après une courte expérience dans un poste similaire au CR Belcourt. Il est clair que le lobby qui l’a soutenu pour gagner les élections et devenir ainsi le patron du football algérien cherchait d’abord à évincer Khierredine Zetchi pour des raisons avant tout politiques. Amara a accepté la mission par ambition mais aussi par obligation envers le clan dans lequel il évolue. Il est aujourd’hui seul face à la colère de la population qui l’associera pour toujours à l’un de ses plus amères déceptions.

Si tous les responsables démissionnaient en reconnaissance de leur échec dans un projet, le pays serait probablement dans un meilleur état. En Algérie, au contraire, dès qu’une personne accède à un niveau de décision elle se pense au-dessus des lois et de la population. Ainsi, pour l’exemple, aux heures de pointes, des voitures noires, aux vitres fumées, parfois précédées d’un motard, dégagent, gyrophares allumés et sirènes hurlantes, les automobiles des simples mortels pour arriver plus vite à leur lieu de travail. Ce ne sont plus des fonctionnaires au service de l’Etat mais des seigneurs auxquels tout doit obéir. Dans les pays scandinaves, les ministres et les dirigeants à tous les niveaux paient de leur poche leur déjeuner et leurs déplacements car la loi ne tolère pas la mauvaise utilisation de l’argent public.

Chez nous, de nombreux hauts commis de l’Etat, dont des chefs de gouvernement, se retrouvent en prison à un âge avancé car ils ne faisaient aucune différence entre leur argent de poche et les deniers publics.

Charaf-Eddine Amara aurait dû méditer leur exemple avant de se lancer dans une aventure dont il ne maîtrisait ni les tenants ni les aboutissants.

Mohamed Badaoui

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