Jeudi 31 décembre 2020, la fièvre du réveillon s’empare des hauteurs d’Alger.
Hydra et son Val, Sidi Yahia, El Biar, Dely Brahim…quartiers habitués à la fantasia des m’as-tu vu, sont pris d’assaut.
Les pâtissiers sont tous devenus traiteurs…Ça fait plus classe ! Et les chefs, qui y officient, se sont fait broder leurs marques de noblesse sucrée sur la blouse de leur prétention.
Les chalands, visages masqués et portefeuille ouvert, prennent commandes dans un ballet de langues et de papilles affolées.
C’est la guerre des bûches dans un silence de religieuses. 8000 dinars la bûche choco- praline ! C’est Fauchon…s mais en verbe consentant. Tarte à 500 dinars, mille-feuilles à 400, le saint-honoré à 600…le billet vert (2000 dinars) claque comme un fouet. Ce n’est plus une monnaie, c’est un assignat!
Et ça marche. C’est la cohue, la chaîne, la queue pour la panoplie aguicheuse : Religieuse, Éclair, Moka, Génoise, forêt noire, fraisier, tarte tatin , tiramisu, baba, charlotte et tutti quanti. Cohue et billets qui dansent…C’est un nouvel art de vivre pour les autres…que de se faire voir dans ces lieux de supposés gourmets.
A qui le tour, demande la vendeuse, en s’excusant qu’il ne reste pas grand-chose !
La religieuse vire à la sainte inaccessible, et le mille-feuille en un tome non réédité. En un éclair, vous êtes le chou de la caissière au sourire baba.
8 tartes au Nutella, demande un homme caché derrière ses lunettes …4800 dinars, répond la vendeuse !
La virée chez les pâtissiers, auto-proclamés chefs, vire à l’arnaque sucrée. Merci, à qui le tour ! Les derniers arrivés s’ankylosent la rétine devant les derniers gâteaux. Trop tard ! Il n’y a plus rien ! Le premier réveillon sous Covid était sucré…mais très salé !