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Disparu Il y a 9 ans : Abdelhamid Mehri, une histoire si algérienne

Il y’a 9 ans, le 30 janvier 2012, nous quittait Abdelhamid Mehri, personnalité de premier ordre dans l’histoire de l’Algérie contemporaine. Né le 3 avril 1926 à El Khroub dans la wilaya de Constantine, Mehri est de la génération PPA-MTLD, parti auquel il adhère en étant très jeune. Étudiant en Tunisie, il «s’infecte» du virus de la politique par le biais des étudiants tunisiens affiliés au Néo-Destour.

Et très tôt, il se voit confier par les responsables du PPA-MTLD, la mission d’encadrer ses compatriotes en Tunisie et aussi de faire son apprentissage de la diplomatie.
Ses mouvements sont repérés par la DST française, très active dans la Tunisie du protectorat. Accusé d’activités subversives, il est expulsé vers l’Algérie.

En novembre 1954, la France coloniale, surprise par le déclenchement d’un mouvement insurrectionnel, qui allait avoir pour nom la révolution algérienne, procède à des dizaines d’arrestations parmi lesquelles  figure Abdelhamid Mehri.

Incarcéré avec beaucoup d’autres militants accusés d’avoir été derrière le déclenchement de la révolution, il est libéré en 1955, date à laquelle il rejoint Le Caire où s’active un autre réseau de la révolution algérienne.

Du Caire, Mehri rejoint Damas où il est nommé représentant permanent du FLN en Syrie.

En 1956, le congrès de la Soummam le désigne membre suppléant du CNRA.

En 1958, il entre au 1er GPRA que préside Ferhat Abbas, comme ministre des Affaires maghrébines, puis ministre des Affaires sociales et culturelles du 2e GPRA.

Après l’indépendance, il occupe plusieurs postes de responsabilité, entre autres directeur de l’Ecole normale de Bouzaréah en 1964, secrétaire général du ministère de l’Education nationale en 1970, ministre de la Communication en 1979, ambassadeur en France en 1984, au Maroc en 1988, puis secrétaire général du parti FLN de novembre 1988 à janvier 1996, où il est évincé à la suite d’un plan qu’on appellera euphémiquement : « Le coup d’état scientifique ». Et au lendemain du pluralisme politique qui éclôt dans le pays, Abdelhamid Mehri, qui s’est opposé à l’arrêt du processus électoral de 1992, rejoint le contrat de Rome, plateforme qui préconisait une solution à la crise née de victoire du FIS aux législatives de 1991.

Abdelhamid Mehri, homme de convictions, fut en quelque sorte l’incompris d’un sérail aux locataires totalement déconnectés de la réalité algérienne.

Pendant le règne de Bouteflika, il essaya, via une lettre, de sensibiliser le maître de l’heure…sans quémander, sans succomber car vacciné contre les tentations du Nihilisme.  Sous Chadli, et bien avant et bien après, il ne joua jamais les automates au service du régime.

Mais que pouvait-il faire tout seul dans ce voyage de l’hiver politique algérien qui durait ?

Ah le système politique algérien…ou comment les créateurs du régime sont toujours dévorés par leurs créatures.
Mehri n’eut de cesse de dénoncer cela. Un système où les désirs du koursi sont…désordres à répétition. Dans les dernières années de sa vie, nous partageâmes avec lui quelques mots, un bout de repas…Avec lui, l’histoire n’a jamais la mémoire qui flanche. Et il nous épatait toujours. Abdelhamid Mehri s’en est allé, il y’a maintenant presque une dizaine d’années.

Et dans la détestable amertume des souvenirs, apparaît un homme qui voulait atteler son pays à la démocratie. Pour cela, il préféra tutoyer l’inconnu plutôt que de s’acoquiner avec le statu quo.

Abdelhamid Mehri, une histoire si algérienne en quête perpétuelle de la liberté, qu’elle buta éternellement sur le mur de l’entêtement, du déni démocratique et de la cécité politique. La fusion chimérique de l’autocratie et de la liberté ne le dragua pas. Il aura cru jusqu’au bout qu’il sera possible de changer l’Algérie…parce qu’il l’aimait.

Madjid Khelassi

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