Bien que la facture d’importation de certains produits alimentaires connaisse, parfois, un recul que dictent les moments d’austérité, le mythe de l’autosuffisance en Algérie n’est pas prêt à se dissiper.
En effet, la facture ne reste pas moins ‘’salée’’, dans la mesure où l’enveloppe consacrée à l’importation des produits alimentaires ‘’flirte’’ ces deux dernières années autour de 9 à 10 milliards de dollars annuellement.
Certes, l’attitude prudentielle de l’Etat influencée par la rationalisation de la dépense publique, en matière d’importation demeure louable à plus d’un titre, notamment les céréales, le lait et les produits laitiers, le café, les sucres et les légumes.
L’on se rappelle au début des années 2000 que le PNDA (Programme National de Développement Agricole) ou programme de relance économique dans le secteur agricole, s’est appuyée sur les exploitations agricoles les plus performantes, sauf que les résultats ne prêtent pas à l’optimisme.
A ce titre, les biens alimentaires ont enregistré en 2019 une valeur à l’exportation de l’ordre de 407,86 millions USD, avant d’atteindre un montant global de 1,1 milliard de dollars en 2020 – ce dernier chiffre est avancé par l’ex-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelhamid Hamdani.
Aussi, depuis l’Indépendance, l’Algérie a dépensé un budget colossal en importation de blé tendre et de poudre de lait. Les produits céréaliers occupent une place stratégique dans le système alimentaire et dans l’économie nationale. ‘’ Les produits céréaliers représentent plus de 40% de la valeur des importations des produits alimentaires. Ils occupent le premier rang (39,22 %), devant les produits laitiers (20,6%), le sucre et sucreries (10%) et les huiles et corps gras (10%)’’ souligne dans une étude M. Abdelkader Djermoun (Département d’Agronomie, Université de Hassiba Ben Bouali de Chlef), estimant, par ailleurs que ‘’les actions du PNDA demeurent insuffisantes à l’essor de la production céréalière qui demeure tributaire de précipitations annuelles’’. L’équation semble, une nouvelle fois, difficile à résoudre, lorsqu’il s’agit de la dépendance alimentaire, car, s’il est de bon aloi de réduire la facture d’importation, il urge de trouver les mécanismes susceptibles de développer la filière des céréales, et ce, par la mise en place d’une nouvelle organisation accompagnée de mesures incitatives au profit des céréaliculteurs.
Les porteurs de projets du secteur agricole bénéficieront d’une aide conséquente
Pour ce faire, le ministère de l’Agriculture envisage d’accroitre la surface agricole dédiée à la culture des céréales, qui est, pour le moment, de 3,3 millions d’hectares. Dans ce sens, le conseiller du ministre délégué auprès du premier ministère chargé des Micro-entreprises, Mohamed Cherif Bouziane, vient de confirmer ‘’l’allocation d’environ 70% des investissements au secteur agricole cette année’’, précisant , dans la foulée, qu’’’au vu de la forte demande des jeunes et des micro-entreprises pour les projets du secteur agricole, qui sera le premier bailleur de fonds des industries agro-alimentaires et manufacturières, le ministère délégué a conclu plusieurs accords avec divers secteurs tels que l’industrie et l’agriculture pour permettre aux jeunes de bénéficier de terres agricoles équipées dans le cadre d’un programme national.’’
Aussi, il est mis en place un plan de travail à même de lever les entraves rencontrées par les jeunes propriétaires de petites entreprises, qu’ils soient liés à l’élevage de bétail, de volaille, à l’agriculture, ou encore les problèmes liés aux banques finançant leurs projets. Il est prévu également la création d’un bureau pour le développement de l’agriculture industrielle dans les régions du sud dont les surfaces agricole utiles (SAU) sont en ‘’jachère’’ faute de moyens. En clair, il s’agit surtout de relier ces espaces agricoles à des projets d’investissement liés à l’énergie électrique et à l’eau.
Farouk B.-H.