L’animal ayant permis au coronavirus SARS-CoV-2 de passer à l’homme n’a pas encore été identifié, indiquent les membres de la mission conjointe montée par la Chine et l’Organisation mondiale de la santé pour enquêter sur les origines de la pandémie. La piste de l’échappement accidentel d’un laboratoire semble écartée.
eaucoup de questions… et très peu de réponses. Au terme de quatre semaines d’investigations, l’équipe d’une dizaine d’experts mandatés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Wuhan, berceau présumé de la pandémie de Covid-19, a présenté les premières conclusions de son travail d’enquête ce mardi. Et ces conclusions sont plutôt décevantes, si l’on en juge par le résumé qu’en a fait le Pr Liang Wannian, chef de la délégation de scientifiques chinois qui ont oeuvré aux côtés des délégués internationaux dans le cadre de cette enquête.
Si l’hypothèse de la transmission par un animal ayant servi d’hôte intermédiaire demeure la plus probable, cet animal intermédiaire – le pangolin ? un mustélidé ? – n’a pu être encore formellement identifié sur la base des analyses génétiques, a-t-il expliqué. Autre point mis en avant par Liang Wannian : les enquêteurs n’ont découvert aucune indication clinique de la circulation du coronavirus SARS-CoV-2 à Wuhan et dans les environs durant les mois d’octobre et novembre 2019, avant l’émergence de l’épidémie sur le marché aux animaux de cette ville en décembre.
Ces conclusions négatives ont été confirmées par Peter Ben Embarek, chef des experts internationaux de l’OMS, qui a pris la parole après son collègue chinois. L’hypothèse d’un échappement accidentel d’un des laboratoires de virologie de Wuhan est hautement improbable, a précisé le scientifique danois.
Identifier l’espèce animale à l’origine du passage du virus à l’homme est crucial pour prévenir la réapparition de l’épidémie. C’est ce qui avait été fait, avec succès, pour l’épidémie de Syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) de 2003-2004, provoquée par le premier avatar connu du coronavirus SARS-CoV (SARS-CoV-1). Le travail de fléchage génétique avait alors pointé, dans le rôle de l’hôte intermédiaire, sur un petit viverridé, la civette palmiste à masque (ou civette masquée), très appréciée des Chinois mais dont la vente a depuis été interdite sur les marchés.
Atténuer les attentes
Arrivée à Wuhan le 14 janvier , l’équipe de l’OMS a dans un premier temps été placée en isolement pendant deux semaines, par précaution sanitaire, avant de débuter ses travaux sur le terrain, visitant le marché de la ville où les premiers cas connus d’infection ont été signalés, ainsi que l’Institut de virologie impliqué dans les recherches sur la pandémie et au coeur de certaines théories du complot.
Par le passé, l’OMS a cherché à atténuer les attentes à propos de la mission à Wuhan. Peter Daszak, membre de la délégation de l’OMS, a déclaré la semaine dernière à Reuters que l’un des objectifs des experts était d’« identifier les prochaines étapes » pour comprendre ce qui s’était passé. Un autre expert présent à Wuhan, Dominic Dwyer, a dit qu’il faudrait vraisemblablement des années pour déterminer complètement les origines du COVID-19.
Source : Les Echos