Abdelmadjid Tebboune et Recep Tayyip Erdogan se sont retrouvés, une nouvelle fois ce mardi, pour discuter des relations bilatérales mais, sans doute, aussi de la conjoncture internationale en particulier de la situation en Palestine occupée.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est arrivé hier à Alger pour une visite officielle de deux jours durant laquelle il co-présidera avec Abdelmadjid Tebboune les travaux de la 2e session du Conseil de coopération de haut niveau algéro-turc.
Les deux hommes se sont vus à plusieurs reprises depuis 2020. Erdogan a été le premier à venir en Algérie avant que Tebboune ne se rende à Ankara en mai 2022, puis en juillet dernier. Cette halte a permis au chef de l’Etat de dynamiser les relations bilatérales, en particulier les échanges commerciaux entre les deux pays. Ces derniers atteignent actuellement cinq milliards de dollars avec un volume d’investissements turcs en Algérie de 6 milliards de dollars, un chiffre que les deux parties entendent porter à 10 milliards de dollars à moyen terme.
Hier, Tebboune et Erdogan ont assisté dans l’après-midi à la cérémonie de signature entre leurs deux gouvernements de plusieurs accords et mémorandums de coopération qui concernent plusieurs secteurs. Les entreprises turques occupent le premier rang des investisseurs étrangers dans le secteur hors hydrocarbures algérien et créent ainsi plus de 30.000 postes d’emploi.
Avec plus de 1500 entités exerçant dans le pays, les opérateurs turcs activent notamment dans la métallurgie, la sidérurgie, le textile, le bâtiment et les travaux publics. Certains, comme Tosyali, sont en train d’y réaliser une véritable success story.
L’Algérie et la Turquie étendent graduellement leurs intérêts vers d’autres domaines à fort potentiel de développement tels que les énergies renouvelables, les mines, l’agriculture saharienne et l’industrie pharmaceutique. La culture, l’enseignement supérieur, la recherche scientifique et la santé profitent également de cet élan.
Bonne entente
Dans un autre registre, l’Algérie s’est illustrée par sa participation aux opérations de secours à la suite des séismes qui ont frappé la Turquie dès le 6 février 2023. Une équipe de la Protection civile formée d’agents spécialisés dans les catastrophes naturelles et de plus de 40 bénévoles du Croissant-Rouge algérien s’est rendue sur le théâtre du sinistre pour apporter une expertise déterminante dans le sauvetage et les soins. L’Etat algérien a, en outre, envoyé près de 100 tonnes d’aide humanitaire et fait don de 30 millions de dollars. L’aide algérienne à la Turquie a été saluée dans le monde entier et l’Organisation Internationale de Protection Civile aux sauveteurs de la Protection civile, que le quotidien américain le Washington Post a surnommés «les héros d’Adıyaman», la médaille du chevalier.
La bonne entente entre Alger et Ankara concerne aussi une convergence de la vision de Tebboune et d’Erdogan sur la situation en Palestine occupée qui est soumise depuis six semaines à des bombardements intensifs à Gaza et à des exactions en Cisjordanie.
Lors de la conférence de presse tenue par les deux présidents, Abdelmadjid Tebboune, a indiqué que cette question figurait en tête de leurs préoccupations. Erdogan a insisté sur le droit des Palestiniens d’avoir un État indépendant dont la capitale se situe à El Qods-est.
Pour rappel, le président turc a eu des mots très durs, la semaine dernière, contre Israël. «Je le dis clairement: Israël est un Etat terroriste», a-t-il dit devant les membres de son parti au parlement turc. «Nous maudissons le gouvernement israélien, mais nous n’oublions pas ceux qui soutiennent ouvertement ces massacres et ceux qui font tout leur possible afin de les légitimer», a-t-il ajouté en référence aux Etats-Unis et à d’autres pays occidentaux qui soutiennent Tel-Aviv. «Ils essayent d’exonérer les tueurs», s’est-il écrié en précisant que ce que fait l’armée de Benjamin Netanyahu à Gaza est un «génocide».
Sur ce point, et contrairement à plusieurs pays arabes du Moyen-Orient, il se rapproche de la position de l’Algérie qui apporte un soutien inconditionnel à la résistance du peuple palestinien. Le président de la République est allé encore plus loin qu’Erdogan en appelant au dépôt de plainte à la Cour pénale internationale contre Israël et en exprimant ouvertement son désaccord avec la politique des deux poids deux mesures concernant les traitements des dossiers ukrainien et palestinien.
Mourad Fergad