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Sécurité alimentaire : l’Algérie se prépare pour faire face au pire scénario

Deux décisions prises à quelques jours d’intervalle démontrent la préoccupation des autorités face aux risques la sécurité alimentaire. Même si les exportations ukrainiennes de céréales ont repris, la menace d’une pénurie de nourriture demeure sérieuse.

La loi de finance complémentaire de 2022 contraint les céréaliculteurs de livrer la totalité de leurs récoltes (blé et orge) aux coopératives des céréales et des légumes secs (CCLS). La mesure a pour but, selon un communiqué du ministère de l’Agriculture et du Développement rural publié hier, la disponibilité de ces matières premières.

Le ministère a expliqué que cette “importante décision d’ordre structurel prise par les pouvoirs publics” est “motivée par la situation géopolitique à travers le monde et l’obligation d’assurer la disponibilité des matières premières céréalières dans notre pays”.

Le ministère a, en outre, indiqué que les coopératives, sous tutelle de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), constituent “un outil indispensable pour le développement de la filière céréales et légumes secs et appliquent sur le terrain la politique publique du secteur de l’agriculture orientée vers la sécurité alimentaire et la réduction à la dépendance des importations”.

Pour rappel, l’Etat a décidé le relèvement du niveau des prix d’achat des céréales par les CCLS à 6.000 dinars le quintal de blé dur, 5.000 dinars le quintal de blé tendre et 3.500 dinars le quintal d’orge. Il a, d’autre part, décrété la mobilisation du parc moissonneuses batteuses, ainsi que l’organisation de la collecte et des guichets uniques de paiement.

Dans la foulée, le département de Mohamed Abdelhafid Henni prévoit le lancement d’une campagne de plantation de milliers d’hectares d’arbres à fruits secs et de grenadiers durant la saison 2022-2023.

“Nous sommes déjà en pleine préparation de la prochaine campagne pour laquelle nous avons prévu de développer la culture de l’arboriculture fruitière et rustique à travers la plantation de 11.430,55 ha, soit environ 2,216 millions de plants (contre 1,7 million plants durant la campagne 2021-2022 en cours) “, a expliqué Fatima Khelil, de la direction de développement agricole et rural dans les zones arides et semi-arides au niveau du ministère.

Plantation de milliers d’hectares de grenadiers, d’amandiers, de pistachiers, de noyers et d’arganiers

L’opération débutera au quatrième trimestre de l’année. Elle porte sur le boisement de 1.532 ha de grenadiers, 4.608,25 ha d’amandiers, 4.405,25 de pistachiers et 537 ha de noyers. “Le rendement des arbres à fruits secs permettra au pays de réduire les factures d’importations de ces produits nutritifs et d’améliorer aussi le niveau de consommation (…)” de la population, a affirmé la même responsable.

L’arganier figure dans la liste des arbres privilégiés par la campagne. Six wilayas, dont quatre du grand sud sont concernées par le projet. “Cet arbre à forte valeur ajoutée sera cultivé sur une superficie globale de 347,25 ha, soit 69.450 plants”, à Naâma, El Bayadh, Tamanrasset, Adrar, Bechar et Tindouf, a précisé Fatima Khellil.

D’après l’experte en agronomie, “l’Algérie a toutes les potentialités pour développer cette espèce forestière réputée pour sa résistance aux conditions climatiques extrêmes”. Elle a assuré que les techniciens algériens maîtrisent “parfaitement l’itinéraire technique de cette culture”. Elle a, par ailleurs, annoncé l’implication totale des pouvoirs publics dans la mise en œuvre de la campagne. Selon elle, le secteur compte prendre à sa charge la totalité de l’opération de plantation (acquisition des plants au profit des arboriculteurs et ouverture des potées). “Les agriculteurs n’auront plus qu’à suivre les itinéraires techniques pour assurer la réussite de leurs plants”.

S’agissant de la campagne 2021-2022 en cours, qui devrait s’achever fin décembre prochain, “le ministère a pris en charge l’acquisition de 1,716 million d’arbres fruitiers au profit des agriculteurs pour la plantation de 11.440 ha”, a indiqué la directrice. Les espèces choisies sont l’abricotier, l’amandier, le cerisier, le figuier, le grenadier, le pistachier et le prunier.

Au premier trimestre 2022, une plantation de 1.113 ha, correspondant à 222.600 plants, a été réalisée. Khelil a dit que les plants, produits localement et certifiés par le Centre national de contrôle et de certification des semences et de plants, sont d’excellente qualité. Le nombre de plants certifiés au titre de la campagne 2021-2022 a dépassé 1,8 millions, a ajouté la même responsable.

Mourad Fergad

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