EN VRAC
Évoquant le Hirak, Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie, avoue n’avoir pas vu juste et ni avoir perçu la formidable force de changement qui sommeillait dans ce pays. Il poursuit dans ce sillage que : « en quelques jours, nous nous sommes retrouvés dans un monde transformé, aux horizons redéfinis, aux perpectives nouvelles et l’Algérie d’aujourd’hui n’est pas celle que j’ai connu durant mes années passées ici ». Et pour clore, le chef de la mission diplomatique à Alger souligne le désir de la France de se projeter dans les futurs événements que vivra le pays.
Bonjour Monsieur l’ambassadeur et bon réveil. Le train en marche est toujours facile à prendre. Ah la France et sa prose inutile quand l’histoire surprend la marche routinière du temps. Mais encore une fois et comme toujours, la France officielle, par le biais de son représentant en Algérie, enfonce une porte ouverte. Béante à tout vent !
« Nous autres diplomates n’avons peut-être pas vu juste »…Mais bonté divine, cela fait 57 ans que la France voit tout faux en Algérie ! Complexe du colonisateur qu’accentue le déni légendaire des Gaulois à l’encontre de leurs ex-indigènes. De Gaule, Pompidou, Giscard, Chirac, Sarkozy, Hollande et jusqu’à aujourd’hui avec Macron, nous ne vîmes que ce vampirisme politique si français qui fait cahoter les relations, boucher les perspectives, ignorer les attentes et surtout de jouer d’égal à égal avec l’ancienne colonie endolorie à perpétuité. Paris a toujours voulu « sous-relationner » avec Alger et sous-estimer tout.
Et jusqu’à nos jours, se perpétue cette toujours méthode systématique qui nous coince dans ce cliché d’un pays de seconde zone, d’un pays qui ne se relèvera jamais.
Relations d’exception, a t-on entendu un jour par la bouche de Chirac ! Oui le terme prend toute son ampleur quand juste après, il n’engendre qu’avatars et leurres. C’est à croire que c’est à Alger que commence le non-monde !
1830- 2019 : un bail au purgatoire des relations. On a beau chercher, on ne trouve nulle part la trace d’une quelconque notable relation !
Un malentendu qui dure ? Que nenni ! C’est toujours l’âme hautaine de l’empire qui prend le pas sur les idéaux démocratiques de la révolution française.
La France n’a jamais voulu comprendre que cela fait 57 ans que les mouches ont changé de coches. Et encore plus depuis un certain 22 février 2019.
Xavier Driencourt aurait pu nous épater, n’était-ce son inclination à faire cette fois-ci dans le romantisme politique en citant Kateb Yacine.
Petite musique de chanvre qui essaie de rattraper la distance. « Lorsque les peuples donnent à leur destinée un tour volontaire, il faut déjà laisser les vieilles espérances et forcer la porte du doute », a dit Kateb Yacine.
Le diplomate avoue n’avoir pas vu juste…Rassurez-vous Mr l’ambassadeur, la France n’a jamais rien vu, ni compris depuis toujours s’agissant de l’Algérie.
Après un siècle et demi de colonisation et 57 ans d’indépendance, le déni est toujours à l’ombre des phrases.
