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«Celui qui ne sait où il va, aucun vent ne lui sera favorable»

La chronique d’Anouar El Andaloussi

économie mondiale

Nous continuons à développer des idées et des thèmes en rapport avec les enjeux de l’économie mondiale dans un contexte de construction de nouvelles alliances géostratégiques.  Les questions factuelles sont importantes, certes, mais ne permettent pas de dégager les horizons pour tracer des trajectoires à moyens et long termes à notre économie. Celle-ci ne peut avoir une existence digne de ses potentialités dans le nouveau contexte mondiale que par une démarche prospective, anticipatrice et très volontariste. Car les nouvelles alliances géostratégiques vont redessiner les nouvelles routes du commerce mondial. Nos atouts et nos contraintes doivent être évalués localement et surtout ne pas confondre « opportunités » et « capacités ». Depuis le début de l’année, beaucoup de déclarations, de séminaires, de conférences, de tables rondes, etc… sur la ZLECAF, la ZALE et même les BRICS pour nous dire que nous sommes membres, nous sommes ou nous serons  les promoteurs, les leaders, …, c’est une bonne ambition, c’est un bon sentiment, c’est un engagement psychologique qui nous inscrit dans une dynamique. Mais ces espaces de coopération économique et commerciale, de facilitation, de concertation, d’alliances géostratégiques ne sont que des opportunités à saisir pour y mettre quelques choses de notre économie. «Celui qui ne sait où il va, aucun vent ne lui sera favorable».

Le bilan de la ZALE est, de l’aveu même des opérateurs économiques, très mitigé, voire même assez faible. Certains opérateurs se sont même retirés de cette zone pour leur commerce extérieur, tant les contraintes réglementaires et les infrastructures défaillantes ont été un obstacle majeur.

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord forment la région du monde où l’intégration commerciale régionale est la plus faible. Les pays commercent principalement avec les pays européens et asiatiques et très peu entre eux, y compris avec les pays de leur voisinage proche. Les statistiques sont sans conteste très parlantes : le commerce intra régional ne représente que 10% des échanges de biens. À titre de comparaison, 40% à 60% des échanges commerciaux au sein de l’Union européenne se réalisent entre les pays partenaires de l’UE, où la libre circulation des biens et des personnes est l’un des piliers économiques fondateur de l’union et plus encore entre ceux de la zone euro où l’unité monétaire a fortement dynamisé les relations intra zone. En Asie, l’intégration des pays par le canal du commerce interrégional est également très élevée car la complémentarité industrielle y est assez forte. Ainsi 49% des échanges commerciaux se réalisent entre les pays de l’ASEAN et ceux de l’ASEAN élargi. À part le Mexique, plus intégré aux États-Unis, les pays d’Amérique latine commercent entre eux à hauteur de 15% à 33% de leurs échanges, un pourcentage qui monte à plus de 50% pour les pays enclavés, ne disposant pas de façade maritime. La situation très particulière du Proche-Orient qui consiste en la quasi-absence de commerce avec ses voisins existe depuis de très nombreuses années et aucune évolution majeure n’est constatée. Les pays qui réussissent à sortir de cette situation sont l’Egypte et l’Iran et dont la caractéristique principale sont des économies plutôt diversifiées.

Le dernier séminaire organisé par le CNESE sur la ZLECAF a permis de relever les contraintes constatées et les difficultés à appréhender au moment de la mise en œuvre des opérations de commerce extérieur dans la zone africaine. Il y a des contraintes, mais il y a aussi des opportunités à saisir. Nous devons nous poser les questions suivantes : quoi mettre sur le marché africain ? (le nombre de produits à mettre dans le commerce, la compétitivité des entreprises…) Quelles quantités ? Car réussir l’exportation d’une cargaison, ce n’est pas un exploit, la renouvellera plusieurs fois, c’est une réussite. Avec qui ? (le commerce extérieur moderne suppose une chaîne d’opérateurs, chacun efficace sur un segment de la chaîne. 

L’enjeu n’est pas celui de l’adhésion à une zone ou un espace économique, mais celui de diversifier son économie et particulièrement la ré industrialisation du pays ; moderniser ses infrastructures physique et surtout institutionnelles, construire la compétitivité de la Nation et des entreprises. La compétitivité des Nations est souvent derrière la compétitivité des entreprises (M. Porter). Sans ces conditions préalables et d’autres certainement, aucun espace économique ne nous sera favorable. Alors fixons un horizon, traçons des trajectoires pour chaque domaines, définissons des stratégies pour atteindre les objectifs fixés à l’horizon.

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