Par Anouar El Andaloussi
Aujourd’hui les enjeux économiques du pays, vus comme des risques très forts, sont connus et même exprimés par les pouvoirs publics : la dépendance aux hydrocarbures, la sécurité alimentaire et hydrique, la démographie et l’aménagement du territoire, le capital humain et l’innovation, pour ne citer que les plus importants. Face à ces enjeux, il faut fixer des défis (objectifs, engagement, et résultats), desquels découlent un plan d’actions à moyen et long terme à travers des politiques publiques.
Les politiques publiques mises en palace sont tournées vers la promotion de la production agricole à travers des incitations sur la mise en valeur des terres, l’amélioration des semences (végétales et animales) et les systèmes intelligents d’irrigation, économiseurs d’eau ; alors que la transition énergétique bénéficie elle aussi de programmes ambitieux (15 000 Mg Watt). L’Aménagement du territoire bénéficie d’un SNAT actualisé intégrant ces enjeux (épuisement des ressources naturelles, équité territoriale, la crise du rural et les problèmes de l’urbanisation accélérée et de la littoralisation). L’enjeu du capital humain et de l’économie de la connaissance demeure quelque peu en marge de cette dynamique. Le véritable enjeu est toutefois, la diversification de l’économie dans toutes ses dimensions. Celle-ci ne peut être effective que par une politique robuste de réindustrialisation. Seule cette réindustrialisation (aujourd’hui la production industrielle est réduite à 5% du PIB, la proportion la plus faible parmi les pays de la région ou comparables). La réindustrialisation est la clé pour les autres politiques (développement agricole, transition énergétique, développement de l’innovation…).
L’Algérie a besoin d’une politique industrielle solide. En effet, la réindustrialisation du pays ne peut se faire ni de façon mécanique par les seuls effets du marché ou par des incitations budgétaires et/ou fiscales. L’Etat doit afficher sa volonté de réindustrialiser le pays et doit mobilier les ressources à la fois financières, humaines et surtout institutionnelles. Les modèles de régulation et les mécanismes de financement en place ne sont pas adaptés à la nouvelle économie et surtout aux nouveaux risques. Les énergies renouvelables n’ont pas les mêmes cycles d’investissement et d’exploitation que les autres activités ; il en est de même pour l’agriculture intelligente, saharienne ou oasienne ou littorale. C’est aussi le cas de l’économie de la connaissance. Il faut des institutions financières appropriées, des institutions de soutien et d’autres de régulation adaptées à la nouvelle configuration industrielle et financière des nouvelles activités. C’est ce qu’on appelle « Une politique industrielle volontariste » qui définit les priorités, la part de la régulation qui revient au marché et celle qui revient à l’Etat. Ni le Marché, ni L’Etat ne sont parfaits pour réguler la nouvelle économie, le tout est dans le positionnement du curseur entre les deux institutions, Etat et Marché. Mais nous avons, souvent, rappeler dans ces chroniques que la principale réforme reste celle de l’administration, sans elle les autres réformes n’auront pas beaucoup de chance d’aboutir et encore moins de produire des effets positifs.
A.A