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L’emploi, un facteur d’inclusion sociale

L’enjeu de l’emploi en Algérie est sans doute l’un des plus importants. Une démographie en croissance moyenne forte depuis 2008, une structure de la population dominée par les jeunes (une pyramide large en bas et au milieu et étroite au sommet), bien qu’elle commence à être plus grasse vers le haut par l’effet de l’amélioration continue de l’espérance de vie à la naissance (76,3 ans).

Ainsi, bien que l’Algérie passe d’une situation de taux de natalité et de mortalité élevés à des taux bien plus faibles, cette transition démographique, s’accompagne d’une croissance de la population en âge de travailler plus rapide que celle des catégories dépendantes (populations âgées de moins de 15 ans ou de plus de 64 ans).

Tous ces facteurs impactent la demande d’emplois. Par ailleurs, les demandeurs d’emplois sont de plus en plus diplômés : près de 300.000 nouveaux diplômés universitaires sortent chaque année des universités et écoles supérieures et près de 80.000 diplômés de la formation professionnelle, sans compter les apprentis et les formations non diplômantes. Nous sommes passés par le plein emploi jusqu’au milieu des années 80 (le contrechoc pétrolier de 1986 a fait remonter de chômage à 21%) à une crise de l’emploi depuis les programmes d’ajustement structurels au début des années 90. La deuxième transition est celle du passage de l’employeur public dominant (fonction publique et entreprises publiques) à l’employeur privé. Ce dernier se manifeste sous deux casquettes : emploi formel et emploi informel, mais dont l’imbrication entre les deux est très forte.

Aujourd’hui, le chômage est devenu structurel et toutes les catégories de la société en souffrent (les jeunes, les diplômés, les moins jeunes, les adultes, les anciens actifs, les femmes, les ruraux….). Les dispositifs mis en place dans les années 90 et renforcés à partir de 2003 (ANSEJ, ANEM, CNAC,…) et pour certains reconfigurés depuis 2020 (ANAD, ALGERIA VENTURE…) sont arrivés à leurs limites. C’est le cas aussi des dispositifs de l’ADS ou ANEM (Contrat de travail aidé, DIPJ, PEJ, PID et CID).

L’allocation chômage qu’on peut qualifier d’allocation universelle, n’est pas une aide à l’emploi, mais considérée comme une subvention pour la recherche d’un emploi. Elle est aussi une aide permettant une insertion sociale des personnes en situation de précarité (1.9 millions de bénéficiaires en 2023). Tous ces dispositifs n’assurent pas un emploi décent et permanent, à part une petite partie de ceux qui se sont lancés dans l’entrepreneuriat (le taux de succès est généralement faible dans tous les pays du monde). Une évaluation de ces dispositifs s’impose aujourd’hui si l’on veut éviter une crise sociale sérieuse ; car le seul financement budgétaire de l’insertion des chômeurs est insoutenable ; il faut des emplois productifs. Ces dispositifs sont pratiqués un peu partout dans le monde et dont les évaluations par leurs promoteurs (agences de l’ONU principalement) ne sont pas toujours concluantes. Le cas exemplaire des dispositifs d’insertion des diplômés de l’université (PID, CID) qui vont mettre ces diplômés (souvent à Bac +5) en position d’activité dans une petite administration (APC, et services sociaux…) ou dans une petite entreprise artisanale. Ces derniers souvent très qualifiés se retrouvent à effectuer des tâches très sous-qualifiées. Ce qui crée des frustrations et des sentiments d’injustice. Les emplois d’attente et ceux dits de transition ne sont utiles que si l’on met en place une politique publique de l’emploi innovante à la hauteur des enjeux qui donnera des emplois décents et permanents. Une politique de l’emploi doit être nécessairement articulée à une politique de développement laquelle est menée par la croissance, En attendant les fruits d’une telle démarche, qui suppose des investissements, de l’innovation et la qualité du capital humain, nous avons besoins d’emplois immédiats pour donner des revenus et de la dignité aux petites gens des petites villes et des compagnes qui font face à des situations difficiles induites par la sécheresse. Le bâtiment et les travaux publics absorbaient massivement ce genre de main d’œuvre ; aujourd’hui toutes les PME du BTPH sont, elles-mêmes en grande difficulté. En attendant, la relance des grands chantiers publics de BTPH, il serait indiqué de donner aux APC, des budgets pour créer des activités d’utilité publique, comme l’entretien des routes et l’ouverture des pistes, la réhabilitation du bâti urbain, la réparation des bâtiments publics (écoles, hôpitaux, administrations….). Ces activités, souvent à petits budgets et sans procédures lourdes, absorbent la main d’œuvre non qualifiée des villes et des compagnes. L’oisiveté, l’absence d’un revenu décent… l’absence de perspective pour les diplômés du supérieur, sont le lit de la violence, de la déviance, de l’immigration illégale  et des pratiques informelles dans toutes leurs trajectoires.

ANOUAR EL ANDALOUSSI

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