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«Le pays a cruellement besoin d’un vrai modèle institutionnel politique et étatique »

Mouloud Hamrouche

«Tout succès a un prix, une non-décision est un désastre, toute résignation est un suicide », c’est ainsi que l’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche a choisi de baliser son contribution publiée hier dans les quotidien El Watan et El Khabar. Il ya, une décision à prendre et un prix à payer pour ne pas tomber dans la résignation…

Pour Hamrouche la situation n’est pas désespérée. Les solutions existent. Il faut juste  se donner les moyens politiques qu’exige la complexité de la crise.

La première observation majeure qu’il faut prendre en considération est que le hirak ne saurait être un problème ou une crise, comme beaucoup le suggère.  Au contraire «le mouvement du 22 Février est venu mettre un terme à l’expansion des difficultés, des impasses et des menaces engendrées, accumulées et non résolues par le système. Par cette mobilisation inattendue, les Algériens ont refusé que leur pays chute ou cède au chaos» a écrit Mouloud Hamrouche.

Le hirak a posé le problème comme il doit être posé. Le changement du système sous le vocable, oh combien révélateur «Itnahaw gaa.»  « En réalité, le pays a cruellement besoin non pas d’un simple consentement ou un changement d’hommes, mais d’un vrai modèle institutionnel politique et étatique. »

C’est cette exigence qui a fait que la crise a duré dans le temps. Et  «C’est pourquoi, plus de six mois après, le peuple et l’armée sont toujours seuls. C’est dramatique, mais nullement une surprise,» a-t-il, encore, ajouté. Car, «Le nombre de lacunes à combler, de blocages à déverrouiller et d’impasses à briser ainsi que la mise en place d’un ordre politique composé de partis de gouvernement, capables de faire émerger des élites, des compétences, des adhésions et des soutiens redonnent une forte exigence à cette question. D’autant que l’immensité des tâches et la nature des dégradations ainsi que des attentes politiques et des besoins sociaux rendent toute approche naïve ou parcellaire, toute précipitation ou rafistolage plus problématique, et plus coûteux que les vingt-cinq dernières années de blocage et de statu quo. »

Le Hirak, c’est l’exigence d’un Etat, avec tout ce que cela exige : le droit, la séparation  des pouvoirs…etc.

Mouloud Hamrouche souligne l’ampleur des tâches, des dégradations et des besoins sociaux qui “rendent toute approche naïve ou parcellaire, toute précipitation ou rafistolage plus problématique, et plus coûteux que les vingt-cinq dernières années”.

Il met en garde contre une volonté des réseaux “d’allégeance et de coercition/corruption a vouloir garder le droit d’autogérer le pouvoir, de préserver leurs statuts…. Des réseaux qui veulent continuer à fixer la posture de l’armée et sa feuille de route”. 

Et, précise-t-il, “ils ont leurs médias et leurs relais sont toujours en action de regénérescence ou de renforcement (…) Ils redoutent qu’un simple contrôle de légalité fasse fondre leurs armes : le mensonge, le chantage ou la menace”, des armes par lesquelles “l’Algérie a été stoppée dans son élan et soumis à une régression terrible”.

L’armée, pour toutes ces raisons, “ne peut plus servir de base sociale et politique, ni de régulateur et protecteur de tel pouvoir ou gouvernement…. Une persistance d’une telle pratique serait une “menace mortelle pour l’Algérie, son État et son armée”.

Hamrouche estime que le commandement de l’armée a “bien apprécié” la situation” et a affiché une “position en harmonie avec le hirak en exigeant l’activation de l’article 102 en liaison avec les articles 7 et 8. Donc demander aujourd’hui l’organisation au plus vite d’élections apparaît comme une logique froide de raison”. Mais, rien n’est si simple. Pour aller vers des élections sérieuses, il faut réunir les “conditions, les garanties, l’organisation des vérifications, des contrôles, des voies de recours pour une élection qu’on veut exemplaire et originelle”.

Ces questions “graves” peuvent-elles relever d’un “processus de dialogue mené par ceux-là même dont le hirak exige le départ” se demande-t-il.

Outre, les conditions des élections, Hamrouche estime que la question de la “séparation de l’État… de la vie d’un Exécutif” en relevant le poids considérable des “réseaux qui contrôlent aujourd’hui des administrations gouvernementales et locales et qui possèdent de vrais relais clientélistes. Ils manoeuvreront pour bloquer la volonté des Algériens ou à défaut la faire dévier”. Il pointe le risque de voir le futur président, en dépit d’une constitution qui “lui confère tous les pouvoirs, mais sans mécanismes opératoires. Toutes ses décisions dépendront du soutien ou non de ces réseaux”.

Ces réseaux sont “l’essence du système” qui fabrique la corruption, ne s’accommode d’aucun contrôle légal, de surveillance institutionnelle” et que certains “veulent préserver coûte que coûte”, un “non-système “liberticide, anti-politique, anti-militance, anti-gouvernance, anti-institutions, anti-organisation et anti-national”. Ce sont ces traits qui ont fait qu’il a anéanti “l’embryon de l’Etat, fruit de la guerre de libération, annihilé la loi et détruit la gouvernance”. Et ajoute, Mouloud Hamrouche, il finira, pour sa “survie”, par briser “la cohésion de l’ANP”.

 Ce constat amène à la conclusion qu’aucune structure (partis, associations) ne dispose des compétences et des ressources pour prétendre être une “alternative possible et crédible” ou être capable “d’organiser ou de surveiller une vraie élection ou de conduire un processus de changement”.

 « Le choix n’est pas et ne doit pas être entre le système ou le chaos, mais entre le système et une Algérie meilleure. Pour cela, le peuple est en processus constituant tous les vendredis et sa jeunesse estudiantine tous les mardis depuis plus de six mois. Un mouvement un et indivisible,» conclut l’ancien chef du gouvernement.

 Synthèse : Ha.S

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