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Ils défient même la volonté politique : ces obstacles qui freinent le développement de l’exportation

En dépit de toutes les volontés pour découpler le développement de l’Algérie de sa dépendance à l’exportation des hydrocarbures, les obstacles mis, par une lourde machine bureaucratique sur le chemin des entrepreneurs, empêchent la réalisation de cet objectif.  

L’Algérie est à la croisée des chemins sur divers plans mais c’est sur celui de l’économie que se jouera son avenir proche. En effet, après plusieurs années de récession, ses recettes extérieures entament une lente remontée grâce à l’appréciation des prix des hydrocarbures.

Sauf que l’expérience d’une décennie de gabegie et de gaspillage des deniers de l’Etat après l’embellie financière qui a suivi le boom pétrolier à partir de 2004 donne à réfléchir aux décideurs. L’argent facile qui a plu sur le pays a eu un effet dévastateur sur ses capacités productives. Au lieu de dynamiser son développement, cette manne a profité à happy few qui s’est enrichi de manière obscène, souvent illégale, en un temps record. L’oligarchie qui s’est alors constituée a compromis l’épanouissement économique de l’Algérie en la réduisant un comptoir où se déversaient des marchandises venues du monde entier.

Le tissu industriel local a été dès lors totalement laminé jusqu’à devenir insignifiant et incapable de créer la richesse et l’emploi. Puis, il a suffi du fléchissement de la courbe des cours des hydrocarbures, qui forment depuis un demi-siècle l’essentiel de l’offre algérienne sur les marchés internationaux, pour que le pays retombe dans le marasme et flirte dangereusement, à partir de février 2019, avec l’instabilité permanente.

Depuis l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune, le discours officiel met l’accent sur la nécessité de renforcer les exportations hors pétrole et gaz mais, sur le terrain, rien ne semble vraiment bouger. Les entrepreneurs, particulièrement, les innovateurs et ceux qui possèdent des atouts pour l’exportation se plaignent toujours des obstacles bureaucratiques érigés sur le chemin par une administration pléthorique, étouffante, décourageante et stérile.

N’empêche que les autorités font pression pour que les choses avancent et mettent en exergue la moindre avancée dans ce domaine. Ainsi, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a affirmé que la valeur globale des exportations algériennes, hors énergie fossile, a atteint 3,4 milliards de dollars à la fin de septembre 2021. Il a aussi rappelé que l’objectif du gouvernement est d’arriver à plus de 4 milliards de dollars avant la fin de l’année. Selon les chiffres ministère du Commerce, 4000 opérateurs sont inscrits au Registre en qualité de d’exportateurs, mais seulement 1000 d’entre eux activent actuellement.

Parler du développement des exportations relève dans ce cas d’une fiction auto-réalisatrice que d’une réalité. A l’œil nu, on peut constater aisément que les cargos ne se bousculent pas dans le ciel et en mer pour inonder les marchés de la planète de produits made in Algeria.

Pourtant, il s’agit de la seule issue pour tirer l’économie algérienne de sa terrible dépendance à la vente des hydrocarbures. C’est aussi la seule solution pour augmenter la prospérité de la population et lui donner l’envie de gagner chez elle. Il s’agit moins de procédures et d’encouragements officiels que de la création des conditions psychologiques qui peuvent favoriser l’émergence d’une mentalité de négociants internationaux. Car, pour l’instant, ceux qui ont en main des cartes pour se développer à l’extérieur du pays semblent ne pas y croire. Le climat détestable des affaires en Algérie est répulsif même pour ceux qui veulent investir effort, temps et argent pour réussir. Une machine administrative, centrée sur son petit univers improductif et budgétivore, est là pour broyer les initiatives des plus tenaces et tant que cette situation demeure ainsi l’Algérie aura du mal à sortir de son statut de gisement de matières brutes.  

Mohamed Badaoui

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un commentaire

  1. Le ( tout à l’exportation ) dans le domaine du commerce extérieur pour une poignée de dollars , est en Algérie similaire à ( le tout à l’égout ) dans le domaine de l’assainissement . D’où les crises répétitives et les pénuries successives qu’endures le citoyens Algérien qui ne lui reste que la terre à bouffer .

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