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Front social : vers une nouvelle loi sur les syndicats

Près d’une centaine de syndicats activent en Algérie dans différents secteurs. Tebboune veut les mettre à l’abri «des conflits politiciens qui ont vidé l’action syndicale de sa véritable essence». Il a demandé la préparation d’un projet de loi allant dans ce sens.   

Le président Abdelmadjid Tebboune a instruit l’exécutif, lors du dernier Conseil des ministres, de «préparer un projet de loi relatif à l’action syndicale plus étoffée, à la faveur de la concertation et le débat avec les professionnels». Le texte, a-t-il précisé, «doit garantir une représentation effective des syndicats et assurer la promotion du volet socio-professionnel des travailleurs, loin des conflits politiciens qui ont vidé l’action syndicale de sa véritable essence».

Si l’on suit ce raisonnement, Tebboune semble donc se préparer à une vague de protestation menée par des organisations qui, en apparence, défendent les travailleurs ou des professionnels mais qui, en réalité, servent un agenda politique non avoué.

Il est vrai que la conjoncture est favorable à la contestation puisque, en plus de la cherté de la vie et de l’appauvrissement continu des couches populaires depuis des années, la colère suit une courbe ascendante. De plus, la machine à produire la richesse et donc l’emploi n’arrive pas à démarrer ce qui augmente la masse des chômeurs et des exclus mais réduit aussi les rentrées de certaines professions libérales.

Le terrain est, par conséquent, propice pour des mouvements structurés de conduire des actions qui peuvent créer de sérieuses difficultés aux pouvoirs publics s’ils ne font rien pour trouver rapidement des solutions à la détérioration visible à l’œil nu qui touche maintenant la majorité des Algériens.

Toutefois, malgré l’amélioration des recettes extérieures du pays grâce à l’appréciation spectaculaire des cours du pétrole et du gaz, les importations qui continuent de peser lourd sur le budget de l’Etat se sont, elles aussi, considérablement renchéries. Les coûts des transports maritime et aérien ainsi que ceux des intrants industriels et des équipements ont également bondi, faisant que le différentiel soit absorbé en grande partie par des actions visant à maintenir la paix sociale. La plus importante étant l’instauration de l’allocation chômage destinée aux primo-demandeurs d’emploi.

Le train de mesures adopté par le gouvernement pour protéger les plus fragiles est, cependant, loin d’être suffisant. En l’absence d’une dynamique de développement qui permette de diversifier l’économie et stimuler ses performances afin de sortir de l’hégémonie des hydrocarbures, il sera difficile d’élever le niveau de vie de la population et s’assurer ainsi sa collaboration à tel ou tel projet politique.

Dans ce cas, les remous sociaux peuvent vite se substituer à l’ostensible docilité qu’on observe depuis des mois. Si elle n’est pas canalisée, cette agitation peut facilement prendre de l’ampleur pour mettre en péril l’ordre établi.

Or, les partis politiques qui, en principe, doivent jouer ce rôle sont soit démissionnaires, soit possèdent peu d’ancrage dans la société. Les syndicats, par contre, arrivent à mobiliser des secteurs entiers autour de revendications clairement identifiées. Evidemment, la représentativité, le poids et la détermination des uns et des autres sont inégaux. Et comme ils n’arrivent pas à fusionner au sein de grandes fédérations ou centrales ou, du moins, coordonner leurs actions dans un cadre large, leur marge de manœuvre demeure restreinte et souvent circonscrite dans des domaines bien délimités. Rien ne dit, cependant, que la situation ne puisse pas un jour évoluer.

La pratique syndicale est ancienne en Algérie. L’Union générale des travailleurs algériens (Ugta) a vu le jour en 1956, alors que le pays était sous occupation. A l’indépendance, l’Ugta a certes accompagné, comme l’a fait le Fln en tant que parti unique, la politique de l’Etat mais à partir de la fin des années 1980, les choses ont changé.

Aujourd’hui, il existe près d’une centaine de syndicats en Algérie. Ceux-ci sont, bien entendu, de taille et de force inégale. Certains d’entre eux ont acquis une crédibilité, une expérience, des capacités considérables et peuvent, ainsi, peser sur les événements nationaux.  

Mourad Fergad

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