Les fabricants réagissent…
La décision d’exclure le montage de la téléphonie mobile du dispositif préférentiel d’importation des kits SKD/CKD, est fondée sur “des données totalement erronées”, a estimé lundi le Collectif des fabricants de l’électronique, de l’électroménager et des mobiles.
Dans une lettre adressée à la ministre de l’Industrie et des Mines, Djamila Tamazirt, dont l’APS a obtenu une copie, le Collectif, regroupant près d’une quarantaine d’entreprises privées et publiques, a estimé que cette décision est porteuse de “répercussions néfastes aussi bien sur les producteurs que sur l’économie nationale”.
Pour préserver la filière, regroupant “quelque 6.000 emplois directs et plus de 20.000 indirects”, le Collectif propose “une révision à la hausse des droits de douanes du régime SKD concernant la téléphonie mobile”, tout en maintenant le “Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) pour l’importation des produits finis”.
Il est également proposé la mise en place d'”un Comité regroupant des représentants du ministère de l’Industrie et du Collectif des fabricants, pour travailler sur un plan de conversion du régime SKD vers le régime CKD” adapté à la filière.
Selon la même source, le coût d’importation des composants utilisés dans le montage de la téléphonie mobile a connu une “ascension fulgurante”, notamment suite à l’avènement de la 3G et la 4G en Algérie, en passant de plus de 400 millions dollars en 2014 à plus de 650 millions dollars en 2016.
Durant toutes les années précitées, lit-on dans la même lettre, “l’importation des téléphones mobiles était majoritairement en produits finis et soumise à un droit de douanes réduit à 5%”. Le collectif a relevé, toutefois, une “baisse” de la facture à moins de 230 millions subséquemment à l’interdiction de l’importation de produits finis, engagée en 2017.
2018, cette même facture a atteint 511 millions, suite à la conversion des importations produits finis vers l’industrie de montage local (SKD). Reconnaissant que les actuels taux d’intégration nationale dans le montage de la téléphonie mobile étaient “infimes”, le Collectif estime que “les perspectives de leur amélioration étaient importantes”, notamment par la mise en place d’un dispositif SKD/CKD adapté à la filière.
Les rédacteurs de la lettre n’ont pas manqué, en outre, de rappeler que la fermeture des usines de montage de la téléphonie mobile, conduirait, entre autres, au passage d’un marché régulé à un marché informel dans lequel il sera difficile d’identifier l’origine et la qualité des produits.
Pour rappel, le ministère de l’Industrie et des Mines avait précisé samedi dernier dans une déclaration à l’APS, que le montage local de la téléphonie mobile n’a pas été “gelé”, mais “soumis au droit commun”, par conséquent, cette activité “ne bénéficiera plus du dispositif préférentiel d’importation SKD/CKD”, tel que stipulé par le Projet de loi de finances pour 2020.
Les raisons évoquées, par la même source, portent notamment sur la “faiblesse” du taux d’intégration nationale enregistré dans la filière et la “hausse” de la facture d’importation de ses composants.
La décision des pouvoirs publics de placer le montage de la téléphonie mobile dans le droit commun et l’exclure du dispositif SKD/CKD, est le fruit, a-t-on expliqué, de “deux années d’observation de l’activité ayant permis de constater qu’il s’agit dans la majorité des cas d’importation de produits finis déguisés”.
APS