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Angoissée par ses difficultés en Afrique : la France appelle l’Algérie à la rescousse

La France a multiplié ces derniers jours les paroles bienveillantes envers l’Algérie. L’imminence d’élections en Libye et, surtout, ses échecs au Mali sont derrière les appels à l’aide alors que la crise diplomatique entre les deux pays est encore vivace.  

Dans une interview accordée vendredi au quotidien Le Monde, le chef de la diplomatie française a espéré une implication plus grande de l’Algérie dans la résolution du conflit au Mali sur la base des accords de paix signés, à Alger en 2015, entre Bamako et les groupes armés du nord du pays. “Nous ne voyons que des avantages à ce que l’Algérie s’inscrive plus fortement encore dans la mise en œuvre de ces accords”.

Jean-Yves Le Drian semble ignorer qu’Alger à sa propre façon de traiter la question avec ce pays voisin avec lequel elle partage plus de 1300 kilomètres. Il y a un mois, Ramtane Lamamra recevait le ministre malien de la Réconciliation, le Colonel-major Ismail Wagué, ainsi que les signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. L’officier supérieur avait alors déclaré que “l’Algérie reste entièrement engagée pour soutenir le processus de paix et de réconciliation au Mali”. Les deux parties travaillent, a-t-il précisé, à “approfondir les discussions sur les objectifs stratégiques de l’accord, notamment les questions de réinsertion des combattants issus des mouvements ainsi que celles relatives aux aspects politiques et institutionnels”.

Le souhait du ministre français des Affaires étrangères vient juste après les regrets exprimés par son président Emmanuel Macron qui avait, fin septembre, critiqué de façon discourtoise les autorités algériennes et blessé la mémoire de tous les Algériens. Autrement dit, Alger ne va pas se précipiter dans les bras de Paris pour d’émouvantes retrouvailles. Surtout que, depuis les déclarations du patron de l’Elysée, beaucoup de choses ont évolué dans la région. L’influence grandissante de la Russie au Sahel et l’intervention de la société privée de sécurité Wagner dans de nombreux conflits en Afrique en sont les premiers effets.

Du 10 au 12 novembre, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, a effectué une visite à Moscou à l’invitation de Sergueï Lavrov, son homologue de la Fédération de Russie. Les deux hommes se sont félicités de l’excellence de leurs relations et ont exprimé leur volonté de les renforcer davantage notamment dans le domaine de la sécurité et de la coopération économique et culturelle.

Dans une zone où elle était le seul joueur, la France redoute maintenant de connaître le sort des armées occidentales en Afghanistan et perdre définitivement son hégémonie géopolitique sur cette partie du monde qu’elle occupait naguère et contrôlait après les indépendances.

Ainsi, rien ne va plus dans ses relations avec Bamako. Le 25 septembre dernier, le premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga a estimé que le retrait, unilatéral et sans consultation préalable, des troupes françaises de son pays était un “abandon en plein vol”. Paris a, par la voix de Le Drian, tout de suite réagi en assurant que “la transformation” de son dispositif militaire au Sahel “ne constitue ni un départ du Mali, ni une décision unilatérale, et il est faux d’affirmer le contraire”. La ministre des armées, Florence Parly, est allée jusqu’à dire “c’est beaucoup d’hypocrisie, c’est beaucoup de mauvaise foi, beaucoup d’indécence, surtout parce que ces propos ont été tenus le samedi 25 septembre. Or, le vendredi 24 septembre, un 52e militaire français a donné sa vie pour combattre le terrorisme au Sahel”.

Le 30 septembre, soit le jour où il a adressé ses piques contre l’Algérie, Emmanuel Macron a poussé le bouchon encore plus loin. “Je rappelle que le premier ministre malien est l’enfant de deux coups d’État”, a-t-il dit avant d’ajouter “ce qu’a dit le premier ministre malien est inadmissible. C’est une honte. Et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement”.

Comme on le voit bien, la diplomatie française ne fait plus dans la dentelle. Cela prouve les difficultés angoissantes qu’elle éprouve en Afrique depuis un moment. Une situation qui ne déplaît certainement pas à El Mouradia.

Mohamed Badaoui

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