Covid ou pas Covid, frontières fermées ou pas, la drogue continue son bonhomme de chemin vers l’Algérie. 16 tonnes de cannabis saisis en 2020 avec cerise sur le gâteau, 18 kilos de cocaïne pure. De pays de transit, l’Algérie devient un pays de large consommation.
Ah le voyage en Coke…Le pied ! A 12000 dinars le gramme, c’est-à-dire à presque le SMIG, c’est le cafard élégant garanti.
La cocaïne, a dit un canard, est pour le moment confinée dans le périmètre des familles aisées car protégées des descentes de police via leur statut social. La coke est réservée à la Jet-Set, dit le petit peuple des accros. Jusque-là, on pensait que seul le petit peuple s’adonnait aux vertiges de l’introspection mélancolique : enfants des rues, exclus de familles éclatées, bougres fâchés avec la vie…
Que nenni. Avec ce qu’il pleut en tonnes de drogues sur l’Algérie, le cercle s’est « spectralement » élargi : lycéens, étudiants, rentiers oisifs, la cohorte des camés vire au voyage en «solidaires».
Voyage quotidien d’une jeunesse acharnée à décrypter les mystères de l’invisible. Faire corps avec son sort est le leitmotiv de cette jeunesse désemparée. Alors tous les moyens sont bons pour se défoncer : lesqa, zetla, chira, et pour les plus riches la cocaïne.
La drogue tantôt fée, tantôt sirène, étreint tout ce joli monde… aux couleurs soudain ravivées. Dans cette farandole du cauchemar, les parents abasourdis s’étranglent de fureur devant ce glissement incontrôlable de leurs enfants. Prison, échec scolaire, mâles fichus et femelles brûlées. De ce monde réduit aux dimensions d’une dose, jaillissent les strophes d’une descente aux enfers non programmée.
16 tonnes de cannabis saisies frontières fermées : les chiffres sont intenses, mais froidement cliniques. Ils donnent le vertige et s’incrustent dans une macération sans issue. Toutes les parades sont impuissantes face à la magie du hash, ce point-virgule des espoirs déçus.
