Accueil / En vrac / “En Vrac” par Madjid Khelassi : octobre 88

“En Vrac” par Madjid Khelassi : octobre 88

 Il y a 30 ans, le 5 octobre 1988, un chahut de gamins qui avait dérapé,-…dixit Ali Ammar, président de l’Amicale des Algériens en Europe- embrase les principales villes algériennes.
Ce qu’on a appelé plus tard les événements d’octobre 88 ne furent que la conséquence de ce qui couvait depuis longtemps et qui, porté à ébullition par les premières émeutes du 2 et 3 octobre 88 dans les lycées d’El Harrach et des Eucalyptus, s’étendirent les 4 et 5 octobre au quartier populaire de Bab El Oued devenu plus tard symbole d’octobre 88.
Le 5 octobre, les troubles guident les jeunes vers les édifices et biens publics, banques, commissariats, locaux du parti au pouvoir, les souks el fellah. Ce qui n’est pas saccagé est brûlé. L’atmosphère est à la revanche sur un système exclusif et autocratique.
Le 6 octobre, l’état de siège est proclamé, 10 000 soldats sont déployés dans Alger. Inorganisés et dépourvus de toute médiation sociale ou politique, les jeunes prennent le contrôle de la rue pendant 5 jours avant de subir une répression qui atteindra son paroxysme le 10 octobre.
Le bilan des affrontements est de 500 morts d’après des sources hospitalières, et l’Etat estime à 161 milliards de centimes les dégâts occasionnés aux édifices et biens publics et privés.
Les événements sonnent l’effondrement du monopole du parti unique et l’adoption d’une nouvelle constitution dite de février 89 qui instaure un semblant de pluralisme politique.
Le gouvernement Hamrouche, né sur les décombres d’octobre 88 et porteur d’un esprit de réformes, va être vite contrecarré dans ses projections par les réseaux clientélistes.
La suite, on la connaît, juin 91, Boudiaf, la guerre civile, Boutef et ses 20 ans de règne.
5 octobre 2020…32 ans après, que reste-t-il d’octobre 88 et de Bab El Oued echouhada ?
On pensait que 88 allait signer la fin de cette forme d’organisation (en castes) de la pratique du pouvoir. Mais, 32 ans après, l’ingratitude de la postérité toise toujours octobre 88.
Mirage démocratique ou chahut consacré ? Boutef banalisa octobre 88 quand il ne le diabolisait pas. Octobre 88, un Hirak avant l’heure ? Ou l’heurt ? De l’air vicié d’un statu quo éternel qui, souvent, fit frôler le gouffre au pays, et du souvenir d’un espoir né des entrailles du déni et de l’exclusion…Octobre 88 qui plana sur février 2019 nous fait toujours rêver d’une Algérie meilleure.

A propos LA NATION

Voir Aussi

Par Anouar El Andaloussi : l’Afrique : longtemps ignorée, aujourd’hui adulée, courtisée !!!!

Dans une précédente chronique (en septembre 2023), nous avions écrit ceci : « Les enjeux géopolitiques et …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *