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Va-t-on vers une exacerbation de la contestation ?

Des manifestations sporadiques à Alger

De jeunes manifestants ont joué au chat et à la souris dans les rues d’Alger, hier, avec les forces de l’ordre. La crainte de l’organisation de marches durant tous les jours de la semaine hante l’esprit des autorités.

L’escalade de la contestation à laquelle ont appelé certains activistes du Hirak semble avoir commencé. C’est le deuxième samedi que des dizaines de jeunes investissent le centre-ville d’Alger pour gagner une journée supplémentaire de manifestations.

Pris en chasse par les forces de l’ordre, les protestataires se sont enfuis par les ruelles du quartier du Cadix avant de rejoindre, vers 14 heures, Bab El Oued. Le mouvement, auquel s’attendaient apparemment les services de police puisqu’ils avaient placé plusieurs de leurs véhicules à divers endroits de la ville, a créé une forte impression sur les habitants.

Certains ont cru, dans un premier temps, à un débordement d’adolescents sous l’effet de stupéfiant avant de se rendre compte que la flash mob était bel et bien politique au regard des slogans qu’entonnaient les participants.

A quelques jours du ramadan, la démonstration éclair a dû mettre les nerfs des forces de l’ordre à rude épreuve. Si les marches vont désormais se dérouler tous les jours de la semaine, la tension entre la rue et les autorités va passer à une phase supérieure. Les policiers vont avoir du mal à résister en même temps au jeûne du mois sacré, aux chaleurs qui commencent et à la pression populaire.

Depuis son retour, le 22 février dernier, le Hirak fait montre d’une volonté de se radicaliser, même s’il adopte toujours le pacifisme comme seul moyen de lutte. D’autre part, il refuse de déléguer à des personnalités ou à des animateurs issus de ses rangs le droit de le représenter en vue d’entamer un dialogue avec les pouvoirs publics.

Blocage

Pendant ce temps, les partis politiques et ce qu’il est convenu d’appeler les organisations de la Société civile restent incapables d’encadrer le mouvement faute de crédibilité et d’assise. La course qu’ils se livrent pour entrer, coûte que coûte, au Parlement au lieu de militer pour un changement du système de gouvernement a même creusé plus profondément le fossé qui sépare ces formations de la population.

C’est donc une situation de blocage qui s’amorce sans perspectives de règlement apaisé de la crise que traverse le pays depuis la chute d’Abdelaziz Bouteflika. Le cul-de-sac devient, de surcroît, chaque jour plus étroit sous le poids de la crise économique où le pays patauge sans pouvoir s’en dépêtrer.

En effet, des années de récession aggravée, en 2020, par le terrifiant impact de l’épidémie du Covid-19 a considérablement réduit la marge de manœuvre de l’Etat pour trouver une solution consensuelle et ainsi régler la question de la légitimité du pouvoir.

L’inflation, la psychose du Covid-19, la colère des couches populaires face à la dégradation de leur pouvoir d’achat, l’effritement de la classe moyenne ne plaident pas pour un retour rapide à la normale. Surtout que le pouvoir donne l’impression d’une indifférence autistique vis-à-vis des revendications que la majorité des Algériens expriment depuis plus de deux ans.

Dans une telle atmosphère, il est difficile de rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés même si le discours officiel promet la réforme des mœurs et des pratiques des futurs dirigeants du pays.

Mohamed Badaoui

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