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Premier magistrat et élu par la population de sa commune: le maire est-il décideur ou le subordonné de l’Exécutif

La loi a doté le président de l’Assemblée populaire communale de larges pouvoirs, mais, dans la réalité, il est soumis à une machine administrative pesante et lourde qui en fait un simple pion sur l’échiquier.
Elu du peuple, le maire exerce, selon le Code communal, des pouvoirs, au nom de la collectivité territoriale qu’il représente, et au nom de l’Etat». Il est partie prenante de «tous les actes de la vie civile et administrative» de sa commune dont il exécute également le budget, gère les revenus, ordonne les dépenses et suit l’évolution de ses finances. Il passe, d’autre part, à son profit les actes d’acquisition de biens, de transactions, de marchés, de baux, d’acceptation des dons et legs. C’est lui, en outre, qui veille sur les adjudications des travaux communaux et prend les initiatives pour développer les recettes de sa collectivité.
En résumé, c’est lui le premier responsable de cette cellule de base de l’Etat algérien dont il assure le fonctionnement administratif, économique et stimule la vie sociale, culturelle pour créer les conditions de son épanouissement.

On le voit bien, son rôle dépasse la fonction d’officier d’état civil que la loi lui attribue aussi. Il est le premier entrepreneur dont la mission consiste à créer les activités en attirant les investissements vers son territoire pour en faire bénéficier sa population dont il défend constamment les intérêts, les droits en améliorant ses conditions de vie. Evidemment, ce costume paraît trop large pour les élus municipaux auxquels les citoyens ont affaire tous les jours. Ces derniers pleurent souvent la faiblesse de leurs moyens et l’étroitesse de leur marge de manœuvres et ceci reflète dans bien des cas la réalité. L’organisation administrative de l’Algérie est en effet un monstre froid et pesant. L’APC est certes, souveraine sur son territoire, mais beaucoup de ses attributions sont concurrencées par les pouvoirs régaliens de la wilaya. Cette collectivité territoriale, dirigée par un wali qui est l’organe exécutif et le délégué du gouvernement, couvre plusieurs communes et parfois les écrase de son poids.
Sur certains dossiers, comme celui du logement et du développement, le maire est pieds et poings liés au bon gré du wali et aux subventions accordées par le fonds commun des collectivités locales. Les municipalités pauvres, celles dépourvues d’activités rentables, n’assurent même pas le ramassage des ordures faute d’argent et de moyens.
Résultat : le maire, qui est en principe le leader de sa communauté, apparaît souvent aux yeux de ses électeurs, au mieux, comme un incapable et au pire comme un malfrat. D’ailleurs, régulièrement, la presse rapporte les démêlés des élus municipaux avec la justice dans des affaires de trafic foncier ou de trous dans le budget. En règle générale, les chefs des APC n’ont pas une bonne image auprès de l’opinion et le rapport qu’ils entretiennent avec leurs administrés sont empreints de méfiance. Après cinquante ans d’élections locales, ce paradoxe demeure entier. Politicien, le candidat à ce poste mène tambour battant une campagne souriante et prometteuse d’espoir mais, une fois élu, il s’enferme dans ses bureaux et se met à broyer du noir. Submergé de demandes auxquelles il ne peut répondre favorablement, il se coupe alors de sa population qui détient pourtant le pouvoir de le démettre au prochain scrutin. Certains maires sont même soupçonnés d’utiliser leur mandat uniquement pour s’enrichir et enrichir les leurs. Pourtant, l’article de loi qui régit le rapport du président de l’APC avec l’argent est clair. L’article 84 du Code communal stipule que «lorsque les intérêts du président de l’Assemblée populaire communale se trouvent en situation de conflit d’intérêts avec ceux de la commune, de son fait personnel, du fait de son conjoint, ou du fait de ses ascendants, descendants, jusqu’au quatrième degré, ou en tant que mandataire, l’Assemblée populaire communale, réunie sous la présidence d’un élu, autre que le président de l’Assemblée populaire communale, désigne un de ses membres, pour représenter la commune, soit en justice, soit dans la passation de contrats».

Ainsi, le problème n’est pas dans la loi. La législation algérienne est bardée de textes qui ont prévu presque tous les cas de figure du fonctionnement de la République. Le problème réside dans les pratiques et dans la vision du développement du pays. Sans un véritable engagement envers le destin du pays, sans éthique et sans sens de l’intérêt général, les élections municipales perdent leur sens et leur attrait. On le sent d’ailleurs dans la démobilisation de la population et même des partis un mois avant cet important rendez-vous avec la démocratie.

Mohamed Badaoui

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