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Par Anouar El-Andaloussi : COP28 et après …un compromis fragile.

Du 30 novembre au 12 décembre, il s’est tenu à Dubaï (EAU) le sommet périodique sur le climat dans sa 28ème édition (COP28). La clôture prévue pour ce 12 décembre a été reportée de plusieurs heures, faute de compromis sur la sortie du fossile du système énergétique mondiale à l’horizon 2050. Ce matin (13/12) à 3h, le compromis « historique » est encore non acté.

Encore une fois, la confrontation entre pôles d’intérêts divergents se manifeste à l’occasion de la cop28. L’atmosphère comme l’air ou la couche d’ozone et d’autres …sont des biens communs, à partager par toute l’humanité. Tant que le problème du dérèglement climatique n’est pas posé avec gravité et urgence pour tout le monde, chacun y allait pour puiser dans la nature le maximum pour lui sans se soucier des conséquences sur les autres. La désertisation était le premier problème posé alors que des millions de gens souffrent de la famine dans les zones arides, les pays du nord industrialisés consommaient encore et encore toutes les formes d’énergie et polluaient par leurs déchets industriels les océans et les airs. Il est vrai que le réchauffement climatique par l’effet de la consommation des énergies fossiles a une grande part dans la dégradation de la couche d’ozone et par voie de conséquence  sur le réchauffement climatique qui induit à son tour les perturbations du climat et de tous les écosystèmes. Décartonner l’énergie, et de manière générale toute l’économie, par une élimination progressive des combustibles fossiles et augmentation de la capacité de production d’énergie à partir de sources renouvelables a été le mot d’ordre depuis maintenant plus de 30 ans. Au final la consommation n’a fait qu’augmenter. Trois pôles s’affrontent, à armes inégales : Les pays industrialisés (les plus grands consommateurs de l’énergie fossile), les pays producteurs d’hydrocarbures et de charbon et les autres (généralement des pays en développement, sous industrialisés et sans ressources énergétiques fossiles). Durant deux semaines15 de débat, des propositions et des contrepropositions ont été soumises au consens, mais les positions sont très tranchées pour construire des compromis. 

La cop28 a été le summum de la confrontation. Le projet de texte appelle à la « réduction à la fois de la consommation et de la production des énergies fossiles d’une manière juste, ordonnée et équitable, de façon à atteindre zéro net (neutralité carbone) d’ici, avant ou autour de 2050, comme préconisé par la science».

Mais il ne mentionne plus le mot de « sortie » des énergies fossiles. Et il inclut désormais tout un menu de vœux du camp des pays producteurs ou exportateurs de pétrole, comme la mention des technologies balbutiantes de captage et de stockage du carbone, exigées par eux pour continuer à pomper des hydrocarbures. En face, les pays industrialisés, les plus gros consommateurs, expriment, comme à la coutume, leur volonté d’organiser la transition énergétique à leur rythme et en fonction de leurs capacités à remplacer l’énergie fossile par le renouvelable.  Eux qui ont la technologie et les moyens financiers pour organiser cette transition ne font aucun geste envers les plus pauvres, pourtant ce sont eux qui ont conduit à cette situation par leur comportement et leur course à toutes les énergies qu’ils ont souvent obtenues à bas prix. Ils ont consommé de manière abusive un bien commun et maintenant ils refusent de payer la « part » des autres qu’ils ont consommée pour leur développement.  Les USA, la Chine et l’UE sont les plus grands consommateurs. Autant les USA affichent leur réserve sur une sortie rapide du fossile (l’échéance de 2050 est jugée trop courte) ; la Chine affiche le profil bas (cherche le statuquo) alors que l’UE, en première ligne sur l’application stricte des résolutions et le respect de l’échéance de 2050, veut encore profiter d’une énergie pas chère (fossile) sans prendre d’engagements fermes sur l’aide aux pays pauvres pour assurer leur transition énergétique qui sera très coûteuse.  Nous avons oublié les Iles qui, elles aussi, sont dans une situation extrêmement grave, elles risquent d’être englouties par les océans avant l’échéance de 2050 pour certaines.

Le Conseil de la COP28 appelle à une action mondiale en vue de tripler la capacité de production d’énergie à partir de sources renouvelables installées pour la porter à 11 TW, et de doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici à 2030, tout en respectant le bouquet énergétique national de chaque pays. Il insiste sur le caractère essentiel de la coopération avec les pays en développement afin de relever les défis découlant de la transition et de tirer parti des avantages qu’elle offre.

Dans ce contexte, « le Conseil réaffirme qu’il est important que toutes les parties redoublent d’efforts pour intégrer l’adaptation et la résilience face au changement climatique dans les politiques et programmes existants dans tous les secteurs concernés. Il met l’accent sur les efforts croissants déployés par les États membres pour mettre en œuvre des stratégies et des plans d’adaptation, en intégrant l’adaptation dans toutes les politiques sectorielles dans le cadre de la stratégie mondiale  relative à l’adaptation au changement climatique ».

Comment remplacer des énergies fossiles bon marché par de nouvelles sources tout en maintenant la productivité et la croissance ? Telle est la question à laquelle le monde doit trouver une réponse juste avec un partage équitable des coûts de la transition. Il s’agit d’un bien commun et les frontières n’ont pas d’existence. Le choc est gigantesque.

Comme le “tout électrique vert” est la solution, l’ambition est de “massifier” la production de toutes les énergies renouvelables (ENR). Pousser trop sur l’accélérateur de la transition en exigeant une sortie rapide du fossile conduira à justifier le nucléaire. Voilà un autre moyen pour soumettre les pays en développement à aller chercher cette technologie chez les pays développés. 

Seul un Fonds Mondiale (ou Banque), financé par les pays producteurs et les pays consommateurs des énergies fossiles, proportionnellement à leurs productions des GES pourrait bâtir une solidarité internationale en vue d’organiser la transition énergétique pour tous les pays, en prenant en charge les pays faibles consommateurs d’énergie et sans ressources.

A.A

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