Le Conseil des ministres a examiné hier les conséquences des récentes intempéries qui ont causé des pertes humaines et de nombreux dégâts à travers le pays. Une situation qui n’est pas près de se calmer selon la Météo.
L’Algérie a vécu un mois de mai totalement fou à cause du déluge qui s’est abattu sur le nord du territoire. Les pluies torrentielles dont le bilan n’a pas encore été établi ont provoqué la mort de plusieurs personnes en plus d’importants dégâts matériels qui ont poussé l’Etat à prévoir une enveloppe de 10 milliards de dinars ( 1.000 milliards de centimes) Le président de la République a d’autre part ordonné le relogement des sinistrés dans un délais de 48 heures.
Hier, un bulletin spécial de l’Office national de la météorologie (l’ONM) a annoncé que des averses parfois orageuses et des rafales de vent, accompagnées localement de chutes de grêle affecteront, jusqu’à aujourd’hui, plusieurs wilayas du centre et de l’est. L’ONM a placé au niveau de vigilance orange plusieurs régions du pays qui devraient recevoir des précipitations de l’ordre de 20 à 50 millimètres pouvant atteindre ou dépasser localement 60 mm.
La situation aurait pu avoir un impact beaucoup moins sérieux si de simples règles d’urbanisme étaient observées par les collectivités locales pour anticiper la catastrophe, selon les spécialistes et les habitants.
Les Algériens se sont habitués à voir leurs quartiers se noyer sous l’eau et la boue, presque chaque hiver, faute de travaux de maintenance des chaussées et des évacuations d’eau pluviales. La situation est d’autant plus cruelle qu’ils subissent à longueur d’année un rationnement de l’eau courante à cause d’une sécheresse persistante.
Au lieu de prévoir des solutions pour éviter la répétition de ces catastrophes, plusieurs maires, notamment dans la capitale, ont préféré investir (ou plutôt jeter de l’argent) dans la construction de fontaines à jet d’eau. Une démarche qui peut s’apparenter à du cynisme si elle n’était pas le fruit d’une mauvaise gestion de l’argent public et des priorités.
C’est pourquoi, il faut s’attendre, ou du moins souhaiter, que des sanctions soient décidées contre les responsables qui se sont rendus coupables de négligences. On se rappelle tous la tragédie de Bab El Oued qui avait fait, en octobre 2001, près de 800 morts par noyade et des destructions monstrueuses. Il a suffi de 120 minutes de précipitations pour que l’enfer s’ouvre. Pourtant, 24 heures plus tôt, les habitants du quartier algérois craignaient un séisme en ce mois d’octobre à la chaleur étouffante. Comme la majorité de leurs compatriotes, ils ont psychologiquement associé la canicule automnale aux tremblements de terre en souvenir de celui survenu à El Asnam (actuellement Chlef) en octobre 1978.
Au lieu de cela, des vague hautes de plusieurs mètres ont déferlé des hauts de la ville et, par un curieux phénomène, d’autres sont montées de la mer. Évidemment, le désastre aurait été moins meurtrier si les infrastructures avaient été bien maintenues.
En octobre 2008, c’était autour de Ghardaïa de vivre un cauchemar presque de même nature où plus d’une trentaine de personnes ont trouvé la mort en plus de la destruction de plusieurs centaines d’habitations. En cause, des réseaux d’assainissement défectueux ou inexistants et des lotissements anarchiques situés parfois dans le lit des oueds.
Les inondations en Algérie tuent et détruisent autant à cause d’un laisser-aller qui dure depuis des années. Le territoire est dénaturé par des constructions qui ne répondent pas au seuil minimal des exigences de l’urbanisme. En amont, des fonctionnaires, dont certains par appât du gain, accordent de permis de construire sans fondement et, en aval, des bénéficiaires qui ne respectent aucune norme dans l’édification de leur maison. Sans oublier, les citoyens qui jettent leurs détritus, notamment les emballages en plastique, qui finissent par boucher les avaloirs et les canalisations.
Mohamed Badaoui