Une nouvelle fois, une partie du nord du pays s’embrase par une série d’incendies qui ont déjà fait 34 morts dont dix soldats de l’ANP. Pourtant, les préparatifs pour prévenir une telle catastrophe ont commencé tôt.
Il y a deux ans, jour pour jour, le bilan des incendies qui avaient débuté timidement en juin et se sont intensifiés la première semaine de juillet ont ravagé une superficie totale évaluée à 10.160 hectares. Seize wilayas ont été sévèrement touchées, en particulier Khenchela, Tébessa, Tizi-Ouzou et Tipasa.
Cependant, le drame qui marquera à jamais les Algériens allait avoir lieu à partir du 9 août 2021. Les montagnes de la wilaya de Tizi-Ouzou se sont embrasées de plus belle. Près d’une centaine de personnes dont une trentaine de soldats de l’Anp ont ainsi perdu la vie, tandis que les rescapés tentaient de fuir par tous les moyens abandonnant leurs biens qui se consumaient.
C’est dans une atmosphère apocalyptique que l’artiste de Miliana Djamel Bensmaïn a été lynché puis assassiné par une foule en furie qui l’accusait à tort d’être un pyromane alors qu’il était venu en bénévole aider les habitants de la région.
L’été 2022 n’a pas été, lui non plus, de tout repos, même s’il a été moins meurtrier. Plusieurs incendies ont été enregistrés dans plusieurs wilayas causant la destruction de milliers d’hectares de végétation et fauchant des vies.
80% des feux éteints
On pensait que ces expériences douloureuses avaient augmenté la vigilance des autorités et de la population. Mais la vague d’incendies qui a touché presque les mêmes régions qu’en 2021 et 2022 s’est soldée par 34 morts et des dégâts matériels considérables.
Heureusement, la Protection civile a réussi à éteindre 80% des feux de forêts après une lutte acharnée tout au long de la nuit dernière, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur. “Ces résultats positifs ont été réalisés grâce à l’efficacité des interventions aériennes à travers les avions anti-incendie notamment après l’amélioration notable des conditions météorologiques et la baisse de la vitesse du vent et des températures”, a précisé la même source. “Les opérations d’extinction se poursuivent actuellement au niveau de 13 foyers d’incendie à travers sept wilayas”, a indiqué le communiqué qui a souligné que “les régions où les feux ont été éteints sont toujours sous contrôle par les services opérationnels mobilisés”.
Parallèlement, “les autorités locales dans les régions où les feux ont été maîtrisés ont entamé le constat des dégâts et le recensement des sinistrés en vue de procéder aux indemnisations”, a conclu le même texte.
La recherche d’éventuels pyromanes a conduit à l’arrestation, hier, de 19 personnes dans plusieurs wilayas, ont rapporté des sources médiatiques. Les départs de feu d’origine criminelle ont souvent été évoqués par les pouvoirs publics, mais les spécialistes recensent plusieurs autres facteurs qui peuvent déclencher des incendies. D’après une étude publiée par Ilham Loucif-Kabouya, ancienne directrice de la Protection de la faune et de la flore, décédée le 12 mai dernier, “la végétation ne s’enflammant pas seule, même par forte sécheresse, l’unique cause naturelle connue dans le bassin Méditerranéen est la foudre”. L’auteur précise que “ce phénomène, très répandu en forêt boréale (orages secs), est relativement rare en région méditerranéenne où il ne concerne que 1 à 5 % des cas d’incendies”.
Ilham Loucif-Kabouya met la responsabilité du déclenchement des feux de forêts sur l’humain. “Globalement, pour l’ensemble des pays du Bassin Méditerranéen, on retrouve des causes involontaires et des causes volontaires”, écrit-elle. Toutefois, dans un graphe en illustration à son étude, on constate que 84% des incendies sont d’origine inconnue, 10% sont dus à un acte volontaire, 5% sont accidentels et 1% surviennent à la suite d’une négligence : incinération agricole et pastorale, barbecue, feu de camp…
Mohamed Badaoui