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Emeutes en France : Algerian lives matters

Les relations entre Alger et Paris risquent de connaître un cran supplémentaire. L’assassinat du jeune Nahel par un gendarme en service a mis la France à feu et à sang. L’Algérie a réagi et demandé la protection de ses ressortissants.

L’assassinat, de sang-froid, commis par un gendarme en service contre le jeune Nahel a soulevé la communauté algérienne et française d’origine algérienne aux quatre coins de la France. Des émeutes ont transformé le pays des droits de l’homme, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité en un champ de bataille entre civils et policiers. Elles expriment de manière violente le ras-le-bol de la population des banlieues contre la discrimination négative dans la vie de tous les jours (travail, logement, éducation et promotion sociale), mais aussi contre la répression qui les cible. Les habitants des quartiers populaires, des zones défavorisées, ces ghettos où s’entassent les Maghrébins et les Africains en général en marge d’une société riche, cloisonnée où la couleur de la peau, la croyance religieuse et la classe sociale déterminent le destin d’un individu plus que son mérite.

Toutefois, le cas Nahel a mis le feu aux poudres car il s’agit de la énième agression des forces de l’ordre contre un jeune désarmé qui, comme ses compatriotes de couleur, a dû subir plusieurs contrôles policiers au faciès. Sa mort effroyable donnée par un fonctionnaire censé être un agent de la paix et un représentant de l’ordre a confirmé, aux Français d’origine étrangère, qu’ils sont des citoyens de seconde zone. A cela s’ajoute le battage médiatique de tous les instants sur une supposée invasion du pays de Voltaire et de Rousseau par des hordes barbares venues du Sud qui cherchent délibérément à détruire la France et ses valeurs.

Cette atmosphère délétère ne pouvait donc conduire qu’à l’explosion qui a suivi la mort de Nahel qui a dépassé, de loin, les événements de 2005 qui ont éclaté pour des raisons similaires. Certains avis parlent de l’éventualité de l’amorce d’une guerre civile. Cette issue est d’ailleurs évoquée par plusieurs tenants de l’affrontement racial, du choc des civilisations et du grand remplacement démographique.

Consternation à Alger

La tragique fin du jeune nanterrois a d’ailleurs été rapidement récupérée par ces milieux qui, sans égard à la douleur de sa famille, ont mis à l’index l’éducation que lui a prodiguée sa mère ainsi que sa culture originelle. Comme s’il était marqué génétiquement pour refuser d’obtempérer, le défunt a été présenté presque dans la posture de l’agresseur.

L’Algérie ne pouvait pas rester indifférente au drame. Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a, selon un communiqué, fait part de son «choc» et sa «consternation» après «la disparition brutale et tragique du jeune Nahel» dans des «circonstances particulièrement troublantes et préoccupantes». Le gouvernement algérien a affirmé qu’il suivait avec «une très grande attention» les développements de l’affaire. Il a enfin demandé à son homologue français d’«assumer pleinement son devoir de protection, soucieux de la quiétude et de la sécurité dont doivent bénéficier nos ressortissants sur leur terre d’accueil».

Cette position a aussitôt provoqué une levée des boucliers outre Méditerranée, en particulier dans les milieux d’extrême-droite. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, dont une partie de l’ADN est algérienne, a rappelé l’Algérie «à son devoir de non-ingérence». «Si elle croit pouvoir s’inquiéter pour ses ressortissants présents en France, qu’elle n’hésite pas à les récupérer, à commencer par ceux qui violent les lois de la République française», a estimé celui qui a succédé à Marine Le Pen.

A quelques détails près, le même discours a été servi par d’autres ténors de l’extrême-droite et même par le magazine Marianne censé être de gauche. Pourtant ces voix ne ratent pas un seul incident survenu en Algérie pour le commenter jusqu’à satiété sans craindre de se mêler des affaires d’un Etat souverain.

Ali Younsi-Massi

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