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Activité sismique en Algérie : près de 100 secousses par mois

Le nouveau tremblement de terre enregistré, samedi, dans la wilaya de Béjaïa a réveillé les inquiétudes de la population et des experts. Deux d’entre eux expliquent l’ampleur du phénomène qui fait partie de la nature même du pays.

L’Algérie enregistre «environ 100 secousses par mois, en majorité de magnitude en-dessous de 3 degrés sur l’échelle de Richter», a affirmé Chafik Aïdi, chef de service de surveillance des séismes au Centre de recherche astronomie astrophysique et géophysique (Craag), dans une vidéo publiée sur le site de l’institution.

La faible intensité de ces tremblements de terre fait qu’ils passent la plupart du temps inaperçus, explique le scientifique. Toutefois, en dépit de cette activité permanente, l’Algérie fait partie d’une «zone stable», selon le même expert. La région occidentale de la Méditerranée est moins exposée à des soubresauts violents que sa partie orientale, souligne-t-il. C’est pourquoi, la Turquie et la Grèce connaissent une plus forte sismicité que le Maghreb et l’Espagne.

«Concernant le nord de l’Algérie, l’activité sismique est due au rapprochement entre les plaques tectoniques africaine et eurasienne», précise Aïdi. «Ce sont les courants de convection qui font que les plaques tectoniques se rapprochent» et le pays se trouve à un point de jonction de ces morceaux mouvants de l’écorce terrestre.

L’Algerian digital seismic network est le dispositif numérique installé par le Craag à différents endroits du territoire pour guetter le moindre mouvement tellurique. Celui-ci se compose de 80 stations répondant aux normes internationales qui «peuvent détecter les séismes même de faible magnitude ». Ils fournissent ainsi le centre en données fiables pour étudier avec exactitude le phénomène.

Pour le Professeur Abdelkrim Chelghoum, directeur de recherche en Génie Parasismique et numérique de l’Université des sciences et de la technologie Houari-Boumédiène, le séisme de samedi qui a frappé la wilaya de Béjaïa avec une magnitude de 5,5 sur l’échelle de Richter prouve que l’Algérie n’est pas à l’abri de nouvelles secousses. Le plus étrange, c’est que celle qui vient de faire trembler Béjaïa a eu lieu un an jour pour jour après celle, de magnitude 5,8, qui avait affecté le même endroit. Cependant, il s’agit d’une magnitude «tout à fait normale». La ville de Béjaïa «doit être de 5 au maximum, parce qu’elle est amortie par les eaux et les fonds marins », a indiqué au site TSA Abdelkrim Chelghoum, qui est également le président du Club des risques majeurs.

Toutefois, ce rebond «n’est pas normal, que ce soit pour Béjaïa, Médéa, Béni Ourtilane ou pour Alger», a-t-il fait remarquer. «C’est pourquoi les responsables concernés du ministère de l’Intérieur, en charge de la gestion des risques majeurs, doivent se pencher sérieusement, et engager des études très approfondies et précises sur le mouvement des failles sismiques», a-t-il recommandé.

«Là c’est Cap Carbon, mais ce qui m’inquiète, ce sont les cinq failles qui entourent la région d’Alger et qui ne sont pas des failles en mer mais en terre-plein : la faille du Sahel, celle de la Mitidja, du Chenoua, etc. Ce sont des failles très dangereuses qui bougent généralement entre une magnitude de 7 et 7,5. C’est là où les responsables du pays doivent être vigilants en appliquant le principe de précaution et de prudence», a-t-il conseillé. Ainsi, «on peut même déterminer par quelle intensité et magnitude ils vont se produire». «Cela va permettre aux autorités de mettre en place une stratégie de prévention sur tout le bâti».

Le Pr Chelghoum a fait part de ses craintes sur les conséquences de telles activités sur le vieux bâti hérité de l’époque coloniale et âgé «d’un siècle voire un siècle et demi», à une période où les normes parasismiques n’étaient pas en vigueur. «Ces bâtisses ne peuvent pas absorber une onde sismique de 6 (sur l’échelle de Richter), c’est impossible» prévient-il. «Depuis le séisme de Boumerdès (2003), j’avais appelé à l’élaboration d’un corpus de règles claires qui, d’une part, permettent de produire des modèles de confortement pour chaque typologie de construction. Et d’autre part, de dégager des budgets conséquents pour la consolidation de ce (vieux) bâti».

Mourad Fergad

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