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Plus qu’un sport , un match de football est une guerre symbolique

A l’instar des sports populaires, le football est utilisé, par tous les pays, comme un formidable instrument de gestion politique en particulier dans les pays sous-développés. Avoir une équipe qui gagne fait souvent oublier aux populations les difficultés du quotidien et, parfois, l’image négative qu’elles ont souvent d’elles-mêmes.

On se souvient que, pendant que le gouvernement algérien sous Bouteflika jetait des milliards de dollars par la fenêtre au lieu de développer le pays, les Verts avaient la mission non écrite de distraire l’attention des citoyens sur l’utilisation de leurs deniers. L’épopée d’Oum Dourmane et le spectaculaire pont aérien déployé entre Alger et Khartoum pour transporter les supporters en valait la peine aux yeux des autorités. C’était officiellement une affaire d’honneur. Il fallait, coûte que coûte, battre, humilier l’adversaire égyptien qui s’était rendu coupable d’agression physique contre les capés nationaux et contre les valeurs ancestrales du pays.

C’est qu’un match de football entre deux pays ressemble à s’y méprendre à une guerre symbolique. Les drapeaux, les hymnes, la mobilisation, les explosions de joie qui l’accompagnent et le sentiment de détresse à la suite d’une défaite sont là pour le prouver.

Le pouvoir de Hosni Moubarak a été, en partie, ébranlé après la défaite de son équipe contre celle de l’Algérie de Bouteflika. Le premier a été renversé et embastillé une année plus tard. Le deuxième a poursuivi tranquillement son règne pendant une décennie jusqu’à ce que le peuple n’en puisse plus et l’a renversé à son tour.

Le petit Qatar a, lui aussi, lourdement investi dans le football. En lançant la chaîne Bein Sports, il savait qu’il allait en tirer prestige et dividendes sonnants et trébuchants. L’émirat a également poussé l’audace jusqu’à de concourir pour organiser le Mondial et a réussi à arracher le ticket gagnant alors que son histoire dans la discipline ne dépasse pas une ligne : vainqueur de la coupe d’Asie avec un entraîneur étranger et des joueurs naturalisés.

Quoi qu’il en soit, Doha a réussi son pari même si les autorités de ce pays sont accusées d’avoir usé du chéquier pour acheter des voix et pénétrer avec fracas dans la cour des grands. Même leur mise au banc par les autres pays du Golfe à la suite d’un différend avec l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis n’a pas plié leur détermination d’aller jusqu’au bout de leur folie et damer le pion aux critiques et aux envieux.

Ils ont construit des infrastructures post-modernes pour accueillir la compétition et déboursé sans compter pour réaliser leur rêve. La Coupe arabe leur a servi de répétition générale avant celle mondiale qu’ils s’apprêtent à accueillir mais aussi d’exhibition internationale de leurs capacités.  

Tout le monde le sait, pourtant, la puissance ne s’achète pas mais elle se mérite. C’est en résumé la leçon qui leur a été administrée par les poulains de Madjid Bouguerra qui les ont remis à leur juste place en matière de football. On ne gagne pas contre des guerriers qui défendent les couleurs de leur nation en leur opposant des joueurs surpayés, certes, mais tenus uniquement par les clauses d’un contrat. Le Qatar a démontré que l’argent peut acheter la notoriété mais la grandeur réclame une autre énergie dont la source se trouve dans la faim de vaincre.

Quant à l’Algérie, dont le peuple regrette les nombreuses occasions ratées depuis l’indépendance pour mériter une étreinte avec la gloire, elle se console par les victoires de son équipe mais attend de passer à une autre phase. Le football lui a réussi là où la politique a échoué. Grâce à une dynamique victorieuse qui dure depuis plus de deux ans, elle caracole en tête de l’Afrique et du monde arabe. Maintenant, elle fait partie des puissances craintes et admirées. Un homme talentueux, travailleur, dévoué, sérieux et intraitable sur les principes est derrière ce succès qui doit en appeler d’autres. Djamel Belmadi a pu former, en réunissant des hommes découragés autour de valeurs, pour en faire un groupe de gagneurs. Bouguerra s’est inspiré de sa méthode et, apparemment, ça marche. Alors, pourquoi ne pas l’appliquer aux autres secteurs pour sortir l’Algérie de l’ornière ?

Mohamed Badaoui   

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