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Plan d’action du gouvernement : Le rêve est permis dans une réalité encore crispée

C’est une stratégie de refonte totale de la gouvernance du pays et de l’action de l’Etat qui a été présentée par le gouvernement à la nouvelle Assemblée. Toutefois, faute de quantification et de calendrier, les chances de la réalisation de ce programme ambitieux restent difficiles à mesurer.   

Les Algériens attendent de voir quelque chose de sérieux démarrer dans leur pays. L’accumulation des problèmes auxquels ils font face quotidiennement les accable et les démobilise. Cet été, le paroxysme a été atteint par la conjugaison de divers facteurs. En plus de la pénurie de certains produits alimentaires au début du ramadan, la dégradation de leur pouvoir d’achat, ils ont aussi les coupures d’eau, la désorganisation du système de santé en pleine pandémie et assisté impuissants à la vague d’incendies qui a ravagé le nord du pays.

A l’occasion de la rentrée, la majorité d’entre eux continue à broyer du noir ne gardant leur calme que par crainte de mettre en danger la sécurité et la stabilité du pays. Les taux d’abstention records lors des derniers scrutins démontrent cette colère froide et le refus de participer à la chose publique plus par défiance vis-à-vis des gouvernants que par désintérêt au sort de leur collectivité. Les prochaines élections locales risquent d’être également compromises par cet état d’esprit qui est en train de se transformer en culture du désespoir, presque en une conviction que leur situation puisse un jour changer.

Le message semble avoir été entendu par les pouvoirs publics qui ont répondu à ces attentes nombreuses et variées en adoptant un plan d’action qui remet les compteurs à zéro. A lire le texte qui, toutefois, pèche par son manque de précision et par la quasi absence de données chiffrées, de délais de réalisation des chantiers et de mesures concrètes pour rompre avec les pratiques du passé, on serait tenté de croire que la machine s’est enfin ébranlée.

Le projet qui ressemble à une politique de refonte de l’Etat utilise, cependant, un langage réformiste à la limite de la pusillanimité même s’il annonce une révision en profondeur du système de gouvernance souhaité par l’ensemble des citoyens.

Ainsi, en ce qui concerne le secteur qui a le plus d’impact sur la vie publique et privée des administrés, la Justice, le plan annonce que “le Gouvernement œuvrera à adapter la législation à la constitution, tout en poursuivant la réforme globale de la justice en garantissant son indépendance, sa modernisation, sa numérisation, l’égalité de tous devant la justice et en révisant le mode de gestion des juridictions, ainsi qu’en instaurant plus de transparence et de moralisation dans la gestion des affaires publiques”. Il “s’attellera aussi à garantir un exercice plein de droits et de libertés publiques, à l’émergence d’une société civile dynamique et engagée et une libre expression à travers la presse” et “œuvrera à consolider son engagement pour renforcer les relations de coopération et de complémentarité entre les pouvoirs exécutif et législatif et veillera à poursuivre une gestion efficace et transparente des finances publiques et de modernisation de l’administration publique par une refonte de ses modes de gestion, une accélération de la transformation numérique et de la modernisation du système statistique national”.

La relance économique est le véritable enjeu

Pour ce qui est de la relance économique qui, comme chacun sait, est le véritable enjeu pour la sortie de la crise multiforme que traverse l’Algérie les autorités prévoient “la modernisation du système bancaire et financier, la réforme du Secteur public marchand (SPM) et de la gouvernance des entreprises publiques et l’amélioration de l’attractivité du climat d’investissement”. Elles ambitionnent aussi “la promotion du cadre de développement de l’entreprise et de l’entreprenariat, le renforcement de l’intégration du secteur informel dans le circuit légal, le développement du foncier économique et l’optimisation de son exploitation, le renforcement de l’économie de la connaissance, de la R&D et de l’innovation et l’accélération de la transition numérique et le développement des start-up”.

Tout cela a évidemment besoin de financements, une manne qui a toujours fait défaut ou, du moins, qui a été jusqu’à présent orientée de manière bureaucratique vers des destinations qui n’ont pas profité aux plus méritants. Dans ce chapitre également, le gouvernement se limite à tracer de grandes lignes et de grands principes qui ne permettent pas de mettre en perspective ce que seront la banque et les établissements financiers de demain. Selon le plan d’action, l’objectif de ces réformes est de “disposer d’un secteur bancaire et financier performant, moderne et accessible, de sorte à améliorer son attractivité et accroître sa contribution au développement de l’économie nationale”. Le texte esquisse ensuite une paysage financier idyllique fait de densification du réseau bancaire et des assurances pour un accès aux mêmes prestations sur tout le territoire national, de déploiement des banques algériennes à l’étranger, de digitalisation et l’internationalisation du système bancaire algérien, lesquels permettront de réduire les délais de paiement et d’assurer le relai à l’étranger pour la promotion de l’image de l’Algérie à l’étranger.

Les remarques faites au sujet de la Justice, de l’Economie et des Finances sont également valables pour la Santé, l’École et les autres secteurs. On sent que les intentions du gouvernement sont bonnes et qu’il possède la volonté d’aller de l’avant mais, à aucun moment, il explique à une opinion vivant dans l’urgence comment il compte s’y prendre et quand pourra-t-il atteindre ses finalités.

Mohamed Badaoui

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