Rupture des relations algéro-marocaines :Alger signe l’acte du divorce avec Rabat

C’était dans l’air depuis des semaines. L’Algérie a décidé hier de rompre ses relations avec le royaume de Mohamed VI qui n’a cessé de multiplier les provocations et les actes hostiles envers elle, selon les autorités, en vue de la déstabiliser par tous les moyens.

Après une série d’actes inamicaux commis à son égard par le Maroc, l’Algérie a décidé hier de rompre ses relations avec son voisin de l’ouest qui n’a cessé, ces derniers mois, d’attenter par divers moyens à sa stabilité et son intégrité territoriale.

L’annonce a été faite hier par la voix du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse à Alger. ” L’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc à partir d’aujourd’hui”, a-t-il déclaré et donné les raisons de cette initiative.

Cette décision était pressentie depuis mercredi dernier après que le ton s’est considérablement durci côté algérien pour rappeler Rabat à l’ordre. Dans un premier temps, le Haut conseil de sécurité a évoqué une «révision des relations» entre les deux pays en représailles à l’agressivité grandissante du royaume chérifien envers l’Algérie. Pour rappel, il y a quelques semaines le représentant marocain à l’ONU avait distribué une note aux délégués des pays Non-alignés dans laquelle il offrait, selon ses termes, le soutien de sa monarchie «à l’autonomie du peuple Kabyle». Un dérapage qui a eu lieu quelques heures avant la révélation, par des médias internationaux, des écoutes illégales via le programme d’espionnage israélien Pegasus ciblant de hauts dirigeants algériens.

L’Etat algérien accuse, en outre, les services de Mohamed VI de contrôler le Mouvement séparatiste de «l’autodétermination de Kabylie» dirigé par le chanteur Ferhat Mehenni ainsi que l’officine islamiste Rachad qu’elle a classés sur la liste des organisations terroristes. Ces derniers sont notamment impliqués, selon des rapports officiels, dans la vague d’incendies de forêts qui a ravagé le nord du pays.

En normalisant ses relations avec Israël, le Maroc a également permis à l’Etat sioniste de poser un pied au Maghreb ce qui constitue, selon l’Algérie, un très grave précédent. Il a ainsi «fait de son territoire une plateforme permettant à des puissances étrangères de tenir des propos hostiles à l’Algérie» a souligné Ramtane Lamamra. «Depuis 1948, aucun responsable israélien n’a fait de déclaration hostile à un pays arabe à partir d’un autre pays arabe», s’est-il indigné.

La rupture des relations diplomatiques ne signifie pas l’arrêt de tout contact avec l’autre partie. Lamamra a, entre autres, précisé que les services consulaires demeureront en fonction et que les ressortissants des deux pays ne subiront pas les conséquences de cette décision.

Ali Younsi-Massi