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Renouvellement des collectivités locales : les promesses seront-elles tenues ?

Photo / AFP)

Les plus hautes autorités du pays, à commencer par le président de la république, mettent beaucoup d’espoirs sur la réussite de ce scrutin puis sur la refonte du fonctionnement des APC pour développer le pays. Un sentiment qui n’est pas totalement partagé par les citoyens au regard des pratiques du passé.

Il est vrai que la fondation d’un Etat repose, en premier lieu, sur les collectivités locales. Le maire est le premier détenteur du pouvoir qu’un citoyen peut voir sans le filtre de la télévision. En principe, ce responsable qui est doté de larges pouvoirs dans sa circonscription est accessible à tout moment.

Les Algériens, dans leur majorité, détestent leurs responsables municipaux car une fois élus ils se barricadent et ne deviennent accessibles que pour une minorité. Dans la plupart des cas, les édiles sont soupçonnés par les administrés de s’adonner aux trafics, au népotisme, et même à la corruption. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux ont goûté à la prison après des malversations commises au cours de leur mandat.

Si les communes sont aussi mal gérées, si les problèmes des habitants s’accumulent, si leurs doléances ne sont pas écoutées, c’est que les Assemblées locales ne fonctionnent pas correctement. L’état de la voirie, celui des équipements publics, l’hygiène des espaces communs, les facilités prévues pour rendre la vie des habitant moins ardue, en particulier les handicapés, tous ces aspects relèvent de leurs prérogatives. Les loisirs également, l’animation des quartiers par des activités qui dissipent le sentiment de mal-vie qui étouffent grands et petits sont également de leur responsabilité.

C’est au maire aussi de promouvoir le territoire qu’il gère grâce au mandat que lui ont accordé ses électeurs pour y créer de l’emploi en favorisant les investissements. C’est à lui d’améliorer constamment l’image de sa commune pour augmenter son attractivité et sa prospérité. Or, les chefs d’APC semblent être préoccupés par d’autres problèmes que celui de servir leur population.

A leur décharge, on peut reprendre l’argument diffusé à l’envi durant la campagne électorale, celui de l’étroitesse de la marge de manœuvre due à l’omnipotence de l’administration, représentée par le wali et ses subordonnés. On a souvent vu ces fonctionnaires s’adresser comme à des enfants à ces représentants du peuple sur lesquels ils n’ont aucun pouvoir.

La faiblesse de moyens financiers qui affecte la majorité des municipalités est l’autre souci mis en avant par les responsables locaux pour se dédouaner de leur échec. Le Président Tebboune, lui-même, a fait état de la pauvreté de 900 communes sur 1541. Vivant sur le budget de l’Etat, n’ayant pour la plupart pas de ressources propres, ils justifient la faiblesse de leur rendement par des faux-fuyants ou se murent dans le silence lorsqu’ils sont harcelés par les contribuables. Cela n’empêche cependant pas certains d’entre eux d’améliorer leurs propres conditions et celles de leur parenté et relations. D’autres ont même construit de véritables fortunes à la fin de leur législature. Impliqués dans des réseaux serrés d’intérêts, ils tournent le dos à ceux qui les ont placés au pouvoir par les urnes pour se mettre au service des détenteurs de portefeuilles bien gras.

Intuitivement ou par ouï-dire, les Algériens sont au courant de toutes ces menées. La colère qu’ils éprouvent, leur démobilisation de la chose publique, leur désespoir et leur refus de croire à un éventuel changement viennent en grande partie de là.

Oui, Tebboune a raison d’insister sur l’importance de ce scrutin et le rôle crucial des collectivités locales pour le redémarrage de l’Algérie. Toutefois, le paysage politique actuel ne plaide pas pour un excès d’optimisme, du moins dans le court terme. Les partis et les candidats sont plus préoccupés de se replacer sur l’échiquier par rapport à leurs rivaux que d’établir des programmes qui permettent au pays d’avancer. Le niveau de la plupart des prétendants, l’esprit tribaliste, parfois sectaire, totalement déconnecté de la réalité, dont ils ont fait montre durant la campagne électorale retardent, pour l’instant, le rêve d’un décollage immédiat.

Mohamed Badaoui

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