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Pour désamorcer une conjoncture explosive : l’exécutif fait face à une liste d’urgences

L’Algérie a rarement connu une période aussi décisive qu’en cette fin d’année 2021. Les équations que doivent résoudre les autorités sont nombreuses et complexes. Ces problèmes sont, de surcroît, interdépendants et peuvent agir parfois en catalyseurs à une réaction en chaîne de soucis.

Politiquement, les pouvoirs publics ont pu imposer leur feuille de route et s’apprêtent à conclure l’édification du nouveau système de gouvernement par l’élection des Assemblées locales. Alors que personne ne pariait sur leur capacité de passer le cap des présidentielles contre le gré d’une rue en ébullition, ils ont, comme si de rien n’était, réussi l’examen du 12 décembre 2019 haut la main. Le suffrage a été remporté, pour la première fois depuis l’indépendance, par un civil, certes issu du sérail, mais sans légitimité historique ni parcours militaire.

Abdelmadjid Tebboune, un fonctionnaire dont la carrière ne le prédestinait pas à occuper la magistrature suprême, est ainsi devenu le chef de l’Etat, chef suprême des armées et ministre de la Défense. C’est lui qui a organisé, quelques mois seulement après sa maladie et sa longue convalescence en Allemagne, le référendum constitutionnel puis les législatives en dépit d’un refus populaire qui s’est traduit par le boycott massif. Il est sur le point d’apposer sa griffe sur le parachèvement de l’édifice institutionnel après les Locales du 27 novembre.

Sur le plan géopolitique, l’Algérie a su résister à une conjoncture internationale dangereuse et garder son intégrité territoriale ainsi qu’une relative stabilité. A l’est et au sud, elle partage de très longues frontières avec des foyers de tension qui sont de facto sous occupation étrangère. La Libye et le Mali constituent, de plus, des passoires à divers mouvements terroristes, au grand banditisme transfrontalier et à la migration illégale.

A l’ouest, c’est le Maroc qui lui oppose une rivalité de tous les instants avec, parfois, une ingérence dans ses affaires internes comme le soutien au Mak séparatiste et récemment le bombardement mortel de trois routiers civils qui commerçaient avec la Mauritanie. Même la France s’est mise à sa manière de la partie. Les propos lancés de son président sur l’histoire récente et ancestrale de l’Algérie ont provoqué un incident diplomatique sans précédent.

Socialement maintenant, le pays fait face à de nombreuses difficultés. La plus inquiétante de toutes est sans doute la dégradation du pouvoir d’achat d’une grande proportion de la population, éreintée par la cherté qui touche un large éventail de biens de consommation. A cela s’ajoute la perturbation de l’alimentation en eau potable et, durant les semaines à venir, il faut également craindre la rupture de l’approvisionnement en butane de chauffage dans les zones non raccordées au réseau du gaz de villes.

Le chômage, particulièrement celui des jeunes qui les poussent à vouloir, à tout prix, s’exiler constitue, lui aussi, une problématique des plus brûlantes. L’inquiétude de rater sa vie, de ne pas subvenir à ses besoins, de subir le regard condescendant de ceux qui paraissent réussir crée un malaise et une colère assez répandue. Cette frustration est même en train de mener une frange de la jeunesse à l’autodestruction par la drogue, la délinquance, et remplit une autre de colère comme en témoigne son agressivité.

Evidemment, ces maux puisent, d’une façon ou d’une autre, dans la situation précaire dans laquelle se trouve l’économie algérienne. Etouffée par une bureaucratie stérilisante, par un manque d’imagination et par la rareté du financement, la roue de la fortune algérienne s’est grippée et, au lieu de produire la richesse, génère désespoir et mal-vie. 

C’est à tous ces soucis que le gouvernement doit trouver -en un temps record- des réponses satisfaisantes pour maintenir l’équilibre du système sinon leur interaction le mettra, tôt ou tard, mis en danger.

Mohamed Badaoui   

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