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Par Annouar El Andaloussi : Hamas met l’économie d’Israël à genou

Ghaza mérite plus qu’une chronique dans un journal économique. Nous ne disposons pas de données économiques fiables pour présenter une chronique économique sur ce territoire, particulièrement en ce moment de guerre contre une occupation barbare raciste, d’apartheid.

Le samedi 7 octobre 2023, le peuple de Ghaza a exprimé au monde entier sa révolte contre cet occupant, l’enfant gâté de l’occident, et surtout sa détermination à lutter pour sa liberté et sa dignité malgré un blocus inhumain de plusieurs décennies. Le génie d’un peuple est capable de surmonter toutes les difficultés et toutes les contraintes. Déjà depuis longtemps les Ghazaouis ont montré leurs capacités à faire face à toutes les difficultés dans leur vie au quotidien, une économie de la pénurie. Ils ont organisé une économie de guerre au sens propre du terme. Ils ont fait face à toutes les contraintes pour approvisionner la population civile, à assurer une logistique à leurs ateliers économiques, à créer des activités dans un minuscule territoire (360 km2 et 2.2 millions d’habitants) et surtout à développer une industrie militaire. Comment est-ce possible dira-t-on ?

Seul le génie d’un peuple peut faire face à tant de difficultés économiques au quotidien. La théorie, comme l’histoire économique, nous enseigne que les plus grandes innovations ont été réalisées sous contraintes, à la recherche de solutions alternatives aux contraintes présentes et aussi à la recherche d’une meilleure solution à des problèmes réels (innovations).  Les Ghazaouis ont surtout innové depuis que leur territoire est soumis au blocus terrestre, aérien et maritime. Ils ont innové dans plusieurs domaines comme dans la fabrication de machines-outils, la substitution aux matières premières venant de l’étranger, la modernisation des équipements datant de plusieurs décennies le tout pour faire face aux contraintes imposées et satisfaire la demande croissante d’une population de plus en plus nombreuse (taux de croissance démographique le plus élevé de la région) et de plus en plus démunie. Les Ghazaouis ont été particulièrement doués pour introduire des innovations dans deux domaines particulièrement décisifs pour leur survie : la gestion des infrastructures logistiques et l’innovation dans le domaine de l’armement. Sur le premier, les Ghazaouis ont été les premiers à pratiquer le BOT (projet Build, Operate and Transfer), techniques de financement, de construction et d’exploitation des grandes infrastructures, procédé largement préconisé par les institutions internationales et pratiqué par plusieurs pays avec plus ou moins de succès. Les Ghazaouis l’ont utilisé dans le domaine des tunnels entre l’Egypte et Gaza pour approvisionner cette dernière ville sous le blocus israélien. Des entrepreneurs informels Ghazaouis ont construit dans la clandestinité totale des Tunnels de fortune pour faire passer des marchandises de toutes sortes (produits alimentaires,   matières premières, ciments, aciers, machines-outils, véhicules….) à partir du Sinaï Egyptien. Les commerçants et autres « importateurs » sont soumis au paiement d’une redevance (droits de passage). Plusieurs fois ces tunnels ont été détruits soit par Israël, soit par l’Egypte lorsqu’on découvre leur existence, mais reconstruits sur un autre site sitôt la vigilance des services baissée.  Il s’agit donc d’un investissement coûteux, mais surtout très risqué.

Le deuxième domaine dans lequel les Ghazaouis ont été particulièrement innovateurs est sans doute l’armement. Ils ont amélioré plusieurs systèmes militaires, soit par la substitution de pièces par une fabrication locale, soit par un perfectionnement de ces systèmes comme les lances roquettes qui ont vu leur portée améliorée d’année en année, les drones et même le bruitage des radars.

L’opération du 7 octobre 2023 et la résistance qui s’en est suivie a été menée avec un grand succès par du matériel fabriqué ou au moins sophistiqué localement dans des ateliers souterrains. L’attaque a été mené par terre, mer et par les airs. La résistance a été elle menée dans les sous-sols avec une efficacité insoupçonnée. Les équipements (armement) utilisés sont en apparence rudimentaires, élémentaires, mais d’une efficacité redoutable (parachutage de combattants en territoire ennemi, franchissement du mur et des barbelés dotés de systèmes électronique de surveillance,… sans parler de l’innovation dans l’organisation de l’opération elle-même et de l’entrainement des combattants. C’est réellement de l’innovation au sens économique et technologique. Imaginons un instant que ces innovations soient transférées aux activités économiques, ça sera la révolution industrielle en Palestine avant tous les pays arabes qui achètent tout à l’étranger grâce aux pétrodollars. Peut –être que l’avenir économique du monde arabe, rentier, corrompu et attardé, se construit à Ghaza. En tout cas, la vengeance sur l’Etat sioniste passe par Ghaza.

C’est au plan économique que finalement le coût sera le plus lourd pour Israël. En plus du coût de la guerre estimé à plus de 280 millions $ par jour, s’ajoutent la mobilisation de plusieurs centaines de milliers de réservistes retirés de la sphère économique et qui représentent un manque à gagner pour l’économie d’Israël estimé à fin décembre 2023 à 10 Mds $. Sur une année, le coût de la guerre (direct et manque à gagner) se chiffre selon les estimations de la Banque centrale d’Israël à plus de 50 Mds $.  Cette mobilisation était estimée à quelques semaines, mais la farouche résistance des combattants palestiniens a imposé une guerre plus dure et plus longue.

Maintenant c’est l’Etat-major de l’armée israélienne qui procède à la démobilisation par bataillons entiers pour permettre une reprise de l’activité économique. Un dilemme pour les dirigeants israéliens : maintenir les effectifs mobilisés ou reprendre l’activité économique pour soutenir l’effort de guerre ? Les Combattants des factions palaisiennes ont imposé aux généraux israéliens ce dilemme. C’est en soi un succès énorme.  

A.A

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